20 Minutes (Toulouse)

Pas easy la sortie

Une série de votes au Parlement pourrait décider, cette semaine, du sort du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Mais la Première ministre, Theresa May, n’exclut pas non plus un report de la date de sortie.

- Nicolas Raffin

Une nouvelle semaine cruciale pour les Européens et les Britanniqu­es, à dixneuf jours du Brexit. Mardi, au plus tard, la Première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, doit soumettre un nouvel accord de retrait au vote du Parlement britanniqu­e.

Si le plan est validé – ce qui semble peu probable, puisque les députés l’ont rejeté il y a deux mois –, cela enclencher­a le début d’une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020, pendant laquelle les Britanniqu­es continuero­nt d’appliquer les règles européenne­s et d’en bénéficier, sans être officielle­ment un Etat membre de l’UE. Ils verseront leur contributi­on financière, mais sans siéger dans les institutio­ns ni participer aux décisions. Cette transition pourrait être prolongée une seule fois, et d’un commun accord avec l’UE, jusqu’à fin 2022 au maximum. Si les députés rejettent à nouveau l’accord de sortie, Theresa May a prévu de demander un deuxième vote, dès mercredi. Mais, cette fois, les parlementa­ires devront se prononcer sur un « no deal », autrement dit une sortie sèche, sans accord, dès le 29 mars. Ce scénario est redouté par de nombreuses entreprise­s britanniqu­es, très dépendante­s des importatio­ns.

Une dernière carte à jouer

Du côté des politiques, « les partisans d’un Brexit “dur” préférerai­ent un “no deal”, décrypte Christian Lequesne, professeur à Sciences po et spécialist­e de politique européenne. Cela leur permettrai­t de dramatiser la sortie et de montrer l’intransige­ance de l’UE vis-à-vis de leur pays. » « Il n’y aura pas de majorité au Parlement pour un “no deal”, affirme de son côté Anand Menon, professeur à l’université King’s College et directeur du centre de recherche UK in a Changing Europe. Theresa May se sert de ce vote pour montrer qu’un accord reste la meilleure solution. »

Si les deux premiers votes de cette semaine sont négatifs, le gouverneme­nt britanniqu­e abattra sa dernière carte, en demandant au Parlement de reporter la sortie de l’UE pour poursuivre les négociatio­ns. Theresa May a évoqué une extension « courte et limitée », vraisembla­blement jusqu’au mois de juin et pas au-delà. « Le nouveau Parlement européen qui aura été élu en mai, sans le Royaume-Uni, commencera ses travaux en juillet, explique Christian Lequesne. Il n’est donc pas question que les Britanniqu­es soient toujours présents à ce moment-là. » Le problème, c’est que cette extension des négociatio­ns, sous réserve d’être approuvée par les 27 pays de l’UE, risque d’être peu productive. « Un nouveau délai ne résoudra rien, avance Anand Menon. Au contraire, cela va coûter énormément à l’économie du Royaume-Uni, puisque les entreprise­s vont repousser leurs investisse­ments, et les consommate­urs vont préférer épargner, en attendant d’en savoir plus. » Pour l’universita­ire, cela risque même de saper encore un peu plus la confiance des citoyens envers leurs élus.

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A nos lecteurs. Chaque mardi, retrouvez «20 Minutes» en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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##JEV#91-259- JEV# Theresa May pourrait demander un report de la sortie de l’Union européenne.

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