Le témoin du meurtre de la joggeuse pas ménagé à la barre
Mardi, le seul témoin du meurtre de la joggeuse de Bouloc était à la barre
Le fameux portrait-robot, c’est lui qui a permis de l’établir. La piste du meurtrier en Clio, c’est encore lui. Nicolas G. était attendu mardi matin à la barre avec l’étiquette inconfortable de témoin capital dans l’enquête sur le meurtre de Patricia Bouchon, assassinée le 14 février 2011 alors qu’elle faisait son jogging matinal à Bouloc, près de Toulouse. A l’époque, le jeune livreur passait par là pour se rendre à son travail. Il a croisé d’abord la route de la victime qui courait. Puis « à 4 h 33 » – il a regardé l’heure sur son autoradio – il a failli entrer en collision avec « une Clio 1re génération » comme la sienne, arrêtée à cheval sur les voies, « phares éteints ». Nicolas G. a fait une embardée. Mais le conducteur imprudent a démarré « façon rallye ». Quand la nouvelle de la disparition de Patricia Bouchon tombe, il s’est présenté à la gendarmerie et a établi le portrait-robot. Ce dernier ne sera diffusé que deux ans et demi plus tard par les enquêteurs. Sa ressemblance avec l’accusé a été relevée par 37 de ses connaissances, dont sa soeur. Quant à la Clio, une trentaine de témoins a attesté que Laurent Dejan en utilisait une, blanche et toujours introuvable, au moment du meurtre. Bref, le témoignage de Nicolas est pour beaucoup dans sa présence dans le box.
Déclarations changeantes
Alors évidemment, la défense et l’avocat général, qui – fait rare – ne soutient pas l’accusation, ont longuement cuisiné le jeune homme dont la mémoire, il l’admet, « n’est plus aussi précise » huit ans après. Les avocats de Laurent Dejean ont aussi relevé des déclarations « évolutives » au fil de l’instruction, « toujours au détriment de [l’accusé] », insiste Guy Debuisson, qui laisse entendre que les gendarmes ont guidé le témoin. Le procès se poursuit jusqu’au 29 mars. Mardi prochain, le président interrogera Laurent Dejean, qui reste le regard fixe et sans réaction dans son box.