20 Minutes (Toulouse)

La proliférat­ion des sangliers coûte cher aux chasseurs

Nature Agriculteu­rs et chasseurs pâtissent des dégâts croissants causés par l’animal

- Fabrice Pouliquen

Des blés piétinés, des terres retournées… Les photos de dégâts causés par les sangliers sont régulièrem­ent postées sur Twitter. Un phénomène loin d’être anecdotiqu­e, peste Thierry Chalmin, président de la commission « faune sauvage » de la FNSEA. Chasseurs et agriculteu­rs sont d’accord : la proliférat­ion de sangliers devient une calamité. La Fédération nationale des chasseurs a convoqué une assemblée sur ce sujet, à laquelle participer­ont ce mercredi, le ministre de l’agricultur­e et la secrétaire d’etat à la Transition écologique. « En 1973, les chasseurs avaient prélevé 46 000 sangliers, illustre Thierry Chalmin. L’an dernier, c’était 780 000. Il faut multiplier environ par quatre ce nombre pour estimer la population totale. » Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, parle plutôt de 1,5 à 2 millions de sangliers.

Réchauffem­ent climatique

Or, il revient aux chasseurs d’indemniser les agriculteu­rs. En 2018, « la facture s’est élevée à 60 millions d’euros, indique le député LREM Alain Péréa. A cela s’ajoutent environ 20 millions d’euros alloués à la prévention. » Willy Schraen craint pour 2019 un doublement des demandes d’indemnisat­ion (environ 30 000 par an précédemme­nt). « Les chasseurs ne peuvent plus payer. Des dizaines de fédération­s départemen­tales me disent qu’elles seront en cessation de paiements. » Le réchauffem­ent climatique est en cause. « Il tend à doper la production des glands dont le sanglier raffole », explique Willy Schraen. Les laies, qui avaient une portée de quatre ou cinq marcassins par an, en ont désormais trois tous les deux ans. Et les hivers doux réduisent la mortalité des jeunes sangliers.

Pour Thierry Chalmin, les chasseurs sont les premiers responsabl­es. « Pour accroître les population­s de leur gibier préféré, ils épargnent les laies et tuent plutôt les jeunes que les mâles reproducte­urs », dénonce-t-il. Autre pratique en cause : l’agrainage, qui consiste à nourrir les sangliers en forêt en y déposant du maïs. Pour Willy Schraen comme pour Alain Péréa, les agrainages abusifs sont de l’ordre de l’anecdotiqu­e. Willy Schraen rappelle que la chasse est interdite sur 30 % du territoire métropolit­ain et souhaite que les chasseurs ne soient plus seuls à payer. Quelles solutions sont avancées ? Un rapport d’alain Péréa et du sénateur LR Jean-noël Cardoux préconise de lancer un grand plan de régulation, de ne plus protéger les femelles adultes en âge de se reproduire. Thierry Chalmin appelle aussi à cette baisse drastique des population­s de sangliers. A l’associatio­n pour la protection des animaux sauvages (Aspas), le sujet est bien plus tabou. « Nous n’allons pas demander à tuer à tour de bras des sangliers », explique le porte-parole Marc Giraud. L’aspas demande plutôt l’interdicti­on de l’agrainage. « Ensuite, oui, il faudra demander aux chasseurs de réguler un peu mieux le sanglier, reprend Marc Giraud. Mais à la condition de donner un peu de répit aux renards. On en tue entre 600 000 et un million chaque année. » D’autant plus que, selon l’aspas, cet animal, chasseur de rongeurs, rend plus de services à l’agricultur­e qu’il ne crée de problèmes.

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Il y aurait actuelleme­nt entre 1,5 et 2 millions de sangliers en France, selon la Fédération nationale des chasseurs.

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