20 Minutes (Toulouse)

Les méthodes radicales de Sascha Bajin, le coach qui mène la balle sur le circuit féminin

Elu meilleur coach en 2018, le très exigeant Sascha Bajin a été décisif dans la réussite de nombreuses joueuses

- Antoine Huot de Saint-albin

Il est l’entraîneur qui réussit dans le tennis féminin. «Sascha Bajin est un personnage atypique qui peut déranger, explique à 20 Minutes Séverine Beltrame, ancienne joueuse, désormais consultant­e sur bein Sport, qui diffuse la WTA. C’est quelqu’un de très ambitieux, sans que cela ne soit péjoratif, et il ne le cache pas.» Pourtant, à écouter l’allemand de 35 ans, il n’y a rien de bien croustilla­nt à se mettre sous la dent. « Je suis quelqu’un d’ennuyeux, je vais à la salle de sport, je ne sors pas, je n’ai pas d’amis », reconnaiss­ait-il dans un podcast sur le site tennis.com. En tous cas, sa méthode fonctionne. La preuve, il a ramené la lumière chez Kristina Mladenovic cette année. Terminées, les dérouillée­s consécutiv­es au premier tour qui lui avaient valu ris et quolibets. En six mois de collaborat­ion, «Kiki» était revenue dans le top 50 au classement WTA (passée de la 66e à la 39e place). Et ce même si Sascha Bajin a dit stop, dimanche, à la grande surprise de la Française.

«J’en demande un peu trop»

L’expérience, à un degré bien moindre, a également été vécue par Naomi Osaka. Prise en main par l’allemand en 2017, la Japonaise était devenue l’une des meilleures joueuses mondiales en deux ans. Alors, quand elle a décidé de se séparer de son entraîneur, après avoir remporté L’US Open et l’open d’australie et être montée à la première place du classement mondial (alors qu’elle était 68e en 2017), tout le monde était un peu interloqué. «J’en demande parfois un peu trop à mes joueuses, avouait-il dans ce même podcast. Naomi, après avoir gagné L’US Open, le samedi, je lui ai demandé de s’entraîner en vu du tournoi de Tokyo, qui commençait le mardi. C’est dur, car vous devez profiter, mais en même temps travailler pour la suite.» Bajin ne s’arrête jamais. Et demande à ses protégées d’en faire autant. Jusqu’au trop plein? «Je suis perfection­niste, pas seulement avec mes joueuses, mais aussi avec moi, insistait-il. Mon job, c’est tellement plus que d’être sur le terrain. Si je dois aider mes joueurs à faire la lessive, je le fais. » Une omniprésen­ce qui n’a pas gêné Serena Williams, qui est resté huit ans avec Bajin. L’allemand, appelé par l’américaine en 2007 pour devenir partenaire d’entraîneme­nt, passait environ 330 jours par an en compagnie de la meilleure joueuse de tous les temps, jusqu’à vivre dans sa maison pendant trois ans. Résultat : treize tournois du Grand Chelem et des semaines et des semaines passées n° 1 mondiale. «Il a énormément appris avec Serena, explique l’ancienne joueuse Camille Pin. Il a dû transmettr­e l’état d’esprit irréprocha­ble qu’elle avait aux joueuses avec qui il a travaillé ensuite.» Sans joueuse sous le coude depuis qu’il a quitté Mladenovic, Sascha Bajin devrait être très sollicité. Les rumeurs font état d’une possible alliance avec Garbiñe Muguruza ou, encore mieux, d’une collaborat­ion avec la revenante Kim Clijsters, qui est sortie de sa retraite après sept ans d’absence.

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Kristina Mladenovic en compagnie de son ancien entraîneur Sascha Bajin.

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