Du figatellu « corse » au porc d’ailleurs
« Ah non madame, on n’a pas de figatellu, ce n’est pas la saison ! » Le jour se lève sur le petit marché de Leccia, en Corse-du-sud. Micheline Mascrier finit d’installer son stand. Voilà des années qu’avec son mari, cette Corse vend sa charcuterie, dont le figatellu, qu’elle fait elle-même à partir de leur élevage de cochons.
En ce mercredi matin, aucun morceau de la célèbre saucisse de foie sur son stand. Pourtant, dans le supermarché tout proche, en cette fin d’octobre, le même figatellu trône en tête de gondole. Sur les menus des restaurants de la côte, le figatellu se décline à toutes les sauces, été comme hiver. Alors, pourquoi, Micheline ? « Les producteurs comme nous, on tue notre cochon en hiver et on fait notre figatellu qui dure jusqu’en avril à peu près, explique-t-elle. Mais eux, ils achètent chez des grossistes de la viande importée du continent ou d’ailleurs, pour répondre à la demande, toute l’année. Et après, ils indiquent que c’est un produit transformé en Corse. » Selon des déclarations de la répression des fraudes de Haute-corse à Corsematin, en 2011, seules 1 000 tonnes de charcuterie estampillées « Corse » sur les 11 000 produites chaque année sont authentiques.
Des producteurs artisanaux se sont regroupés en un syndicat, pour obtenir une appellation d’origine contrôlée sur chacun des produits phares de la charcuterie corse. Mais décrocher une AOC autour du figatellu reste complexe : il est en effet le fruit d’un mélange de différents types de cochons.