Ferri et Conrad épicent la potion
Les auteurs du nouvel album des aventures d’astérix apportent des innovations tout en restant fidèles à l’esprit de Goscinny
Mieux vaut avoir les idées fixes. Pour la sortie jeudi du 38e volume des aventures d’astérix, La Fille de Vercingétorix, 20 Minutes a rencontré le scénariste Jean-yves Ferri et le dessinateur Didier Conrad, qui ont repris la série en 2013. Après le respectueux Astérix chez les Pictes, sorti en 2013 et tièdement accueilli par un public circonspect, puis la consécration du Papyrus de César en 2015 et d’astérix et la Transitalique (2017), le duo s’autorise désormais quelques audaces qui permettent à la série d’évoluer, tout en restant dans la plus pure tradition «goscinnyenne ». Comme dans les trois albums précédents, le duo d’auteurs s’amuse à semer, çà et là, quelques références à l’actualité. Les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) deviennent ainsi le Front arverne de résistanche checrète. «C’était un acronyme trop tentant, s’amuse Jean-yves Ferri. Le fil qu’on suit, c’est notre goût, notre plaisir à nous. Alors, il y a des références aux années 1970 et d’autres à notre époque, mais un scénariste de 30 ans n’écrirait probablement pas cet “Astérix”, c’est sûr. Didier et moi adoptons de plus en plus de décontraction par rapport à ce monument qu’est Astérix.»
Une décontraction et une audace qui permettent à des personnages historiques d’évoluer, ce que confirme Jean-yves Ferri : « Le vieil Agecanonix, par exemple, prend une tout autre envergure puisqu’on découvre, dès l’intro de l’album, que ce petit vieux marié à une beauté a un passé. Militaire, notamment ». « C’est un peu notre pierre ajoutée à l’édifice de la saga Astérix », plussoie Didier Conrad.
Enfin, on note avec un certain plaisir que les personnages « secondaires » de la série manifestent, dans cet album, une plus grande présence. On pense aux villageois, bien sûr, qui se mobilisent tous pour rechercher Adrénaline, la fille de Vercingétorix présentée dans la BD, après l’une de ses disparitions ; mais surtout aux pirates, qu’on redécouvre puisqu’ils monopolisent plusieurs pages de l’album « alors que jusqu’ici, les pirates, c’était un gag en deux cases », rappelle Didier Conrad. Mais pour Ferri, « ça valait le coup de faire un zoom sur eux, pour une fois. Je trouvais rigolo de découvrir leur psychologie : tout pirates qu’ils soient, ils sont aussi pères de famille et sont donc démunis face à Adrénaline. »
« On sait que certains aimeront et d’autres pas, déclare Didier Conrad, et on tiendra compte de tous les commentaires pour que le prochain volume soit encore meilleur.» D’ici-là, nul doute que les cinq millions d’exemplaires de La Fille de Vercingétorix mis en vente jeudi sur le marché français, auront réjoui les fans d’astérix, par Toutatis !
«On sait que certains aimeront, d’autres pas. » Didier Conrad, dessinateur