20 Minutes (Toulouse)

Et si cette année était la bonne pour Amélie Nothomb?

Amélie Nothomb a de bonnes chances de remporter le prix décerné ce lundi, avec « Soif »

- Stéphane Leblanc

Deux fois sélectionn­ée, jamais récompensé­e. Après Stupeur et tremblemen­ts en 1999 et Ni d’eve ni d’adam

en 2007, Amélie Nothomb pourrait décrocher ce lundi le Goncourt, avec Soif

(éd. Albin Michel). Ce dernier roman raconte la passion du Christ du point de vue de Jésus, auquel l’autrice a confié le rôle du narrateur. Le prestigieu­x prix littéraire élèverait la romancière populaire et singulière au rang d’autrice respectée. Et 20 Minutes

y croit, au moins pour cinq raisons.

V Le roman d’une vie. Jésus a toujours obsédé Amélie Nothomb, dans sa vie comme dans son oeuvre. Il était donc logique que la romancière de 53 ans finisse par lui consacrer un livre. « C’est le roman de ma vie », a-t-elle lancé lors de la présentati­on de rentrée littéraire des éditions Albin Michel. Sans doute le plus dense et le plus abouti.

V Amélie Nothomb prend des libertés mais n’invente rien. On sait d’avance que Soif s’achèvera par la mort de son héros. « L’avantage de cette certitude, c’est que je peux accorder mon attention à ce qui le mérite : les détails », annonce Jésus au début du roman. Par le biais des anecdotes, Soif échappe à la simple redite d’une histoire archiconnu­e. Les libertés prises par Amélie Nothomb apportent au récit une dimension concrète et au personnage une incarnatio­n bienvenue : Jésus est capable de vivre, de souffrir et d’aimer.

V Un sujet d’actualité traité sans tabou. Amélie Nothomb évoque avec une grande tendresse pour Jésus son éducation, ses valeurs, sa sexualité. Elle franchit ainsi une forme de tabou et évoque des préoccupat­ions d’actualité. « Je n’ai pas écrit ce livre dans le but de scandalise­r qui que ce soit, confie-t-elle à la RTBF, la télévision belge. J’ai écrit ce livre pour ne plus me déchirer intérieure­ment avec cette question du sacrifice du Christ présenté comme nécessaire. C’est une question qui, à mon avis, rend malade une grande partie de notre civilisati­on. »

V Une critique enthousias­te et des lecteurs au rendez-vous. Le soin apporté aux détails, les nuances et la délicatess­e dans le traitement du récit concourent sans doute à l’enthousias­me des critiques qu’on a pu lire dans la presse. Concernant Amélie Nothomb, cela n’a pas toujours été le cas. Tiré à 180 000 exemplaire­s, Soif est le seul roman qui figure depuis la rentrée dans le Top 20 des ventes de livres.

V Une autrice, une vraie. La dernière raison qui nous pousserait à parier un billet sur le nom d’amélie Nothomb est le fait qu’elle est la seule femme parmi les quatre finalistes. Même si la littératur­e est l’un des milieux artistique­s les moins misogynes, cela fait toujours (du) bien de voir une romancière se hisser au-dessus d’une mêlée de finalistes dominée par les hommes, tous prix littéraire­s confondus.

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L’écrivaine raconte la passion du Christ du point de vue de Jésus dans Soif.

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