L’hôpital appelle au secours
Les personnels soignants ont défilé jeudi en France pour réclamer davantage de moyens
«Hôpital urgence vitale» pouvait-on lire sur un cercueil en carton. Un peu partout en France, infirmières, aides-soignants, médecins, étudiants en santé, même chefs de service, ont défilé jeudi pour crier leur ras-le-bol et pousser le gouvernement à débloquer davantage de moyens pour l’hôpital public (lire l’encadré). Dans le cortège parisien, beaucoup manifestaient pour la première fois, parfois «encouragés par les doyens de la fac eux-mêmes, ce qui est exceptionnel», assure Jérémy, un externe. «C’est pas notre culture d’être dans la rue, abonde Véronique Abadie, cheffe du service de pédiatrie générale de Necker (AP-HP). Si on est là, tous les soignants, c’est que c’est grave.»
« Notre hôpital meurt »
Yasmine, Jean-marc et Philippe, tous infirmiers à l’hôpital Ambroise-paré, à Boulogne (Hauts-de-seine) marchent côte à côte. «Notre hôpital meurt, tranche Yasmine, trente-cinq ans de métier dans les pattes et la colère en bandoulière. On ferme des lits, nos infirmières s’essoufflent, il n’y a pas de suivi dans les services, on manque de tout.» «Avec une hausse d’activité», complète son collègue Jeanmarc. Même écho du côté de Rosine, médecin dans le même hôpital. «C’est dommage, parce qu’on a tous les outils pour que ça marche. On n’est pas là pour bloquer le système, mais pour le sauver. »
Et le mégaphone de haranguer : « Soignants épuisés, patients… » « ...en danger», répond la foule bigarrée. «Il faut qu’on sorte du comptable et qu’on remette de l’humain dans nos hôpitaux, plaide Céline, médecin responsable du service douleur à l’hôpital Necker (APHP). On ferme des lits, ce qui revient à faire rentrer chez eux des patients dans un état instable. C’est évidemment le patient qui en pâtit.» Pourtant, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a débloqué des enveloppes pour les urgences en juin et en septembre. Des annonces insuffisantes, au vu de la mobilisation et des témoignages recueillis dans le cortège par 20 Minutes jeudi. Cette mobilisation hors norme suffira-t-elle? Beaucoup y croient, saluant la solidarité interprofessionnelle et la forte mobilisation. Certains en doutent. « Moi je suis à un an de la retraite, mais pour ceux qui arrivent, si ça continue comme ça, un jour l’hôpital public va tomber», déclare Philippe, infirmier. Le mot d’ordre : «Soignants, soignés, les mêmes combats, c’est tous ensemble qu’on va gagner.»