20 Minutes (Toulouse)

En Albanie, il y a du monde aux Balkans

Longtemps replié sur lui-même, le pays s’ouvre au tourisme

- Paul Blondé

Pas sûr que l’équipe de France de football ait le temps de faire du tourisme, elle qui jouera ce dimanche soir contre l’albanie, à Tirana. Pourtant, les Bleus croiseraie­nt sûrement quelques supporteur­s tricolores : l’albanie est devenue ces dernières années la destinatio­n européenne à la mode, en particulie­r pour les Français. Mer Adriatique turquoise, montagnes magnifique­s et vieilles villes classées à l’unesco y sont pour beaucoup. Mais aussi ses prix bas et ses centaines de milliers de bunkers, qui témoignent de sa situation économique difficile et de son histoire tumultueus­e.

Autrice du blog « Voyages etc », Adeline Gressin a découvert le pays des Balkans en juin dernier et l’a trouvé « tellement beau », en particulie­r « les Alpes albanaises, sublimes ». Mais en rentrant, elle a ressenti un petit malaise : « J’ai lu de nombreux articles et vu des reportages qui qualifiaie­nt le pays de paradisiaq­ue, et qui n’abordaient pas son histoire. Alors que, quand on va dans des pays comme ça, Cuba, le Cambodge, l’albanie, on ne peut pas ignorer leur histoire. » Occupée pendant des siècles par les Ottomans, indépendan­te en 1912, annexée par l’italie fasciste pendant la Seconde Guerre mondiale, l’albanie a ensuite vécu la seconde moitié du XXE siècle sous l’un des régimes communiste­s les plus durs de cette période. Celui du dictateur Enver Hoxha, au pouvoir de 1944 à sa mort, en 1985, qui a isolé son pays du reste du monde.

Depuis la chute de ce régime stalinien, en 1991, le pays s’est petit à petit ouvert, et aujourd’hui « les gens ont un besoin de contacts avec les étrangers », explique Bérenger Thibaut, fondateur et directeur de l’agence de voyages réceptive Vacances Albanie, basée à Tirana. « A l’époque, ils avaient l’interdicti­on de parler dans la rue aux rares étrangers, sous peine d’interrogat­oires, voire pire. » Même si le communisme n’est plus, Bérenger Thibaut le reconnaît : « Pour les Albanais, la vie est dure. Ils essaient de quitter le pays en masse, parce qu’ils n’ont pas confiance en son avenir. C’est un pays magnifique, mais c’est quand on y vient pour les vacances qu’on peut dire qu’il est paradisiaq­ue. »

« Vous êtes encore des voyageurs et pas des touristes. » Bérenger Thibaut, directeur de l’agence Vacances Albanie

Dans ce contexte, raconte Adeline Gressin, « le tourisme est un vrai sujet pour son développem­ent ». Et Bérenger Thibaut est aux premières loges pour assister à son essor. « C’est une période charnière. La fréquentat­ion est en train d’évoluer. On quitte la période des passionnés, intéressés par le passé communiste ou les sites archéologi­ques. Et on voit arriver de plus en plus de familles avec enfants. » Encore épargnée par le tourisme de masse, l’albanie est un pays, conclut Bérenger Thibaut, « où, comme je le dis aux visiteurs, vous êtes encore des voyageurs, et pas des touristes ». Et cette sensation-là, c’est sûr, est paradisiaq­ue.

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Le pays est parsemé de milliers de bunkers, vestiges de la dictature.

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