20 Minutes (Toulouse)

Un camion, cause « apparente » de la chute du pont

Le poids du camion tombé dans la rivière, supérieur à 50 t, est au centre de l’enquête sur l’effondreme­nt du pont qui a fait deux morts

- Béatrice Colin et Hélène Ménal

Il a craqué dans un grand «bruit de tonnerre». Le pont à haubans de Mirepoix-sur-tarn, au nord de Toulouse, s’est effondré lundi matin tuant deux personnes, une adolescent­e et un chef d’entreprise. Une enquête est ouverte pour « homicides et blessures involontai­res », a annoncé le parquet de Toulouse qui confirme que le camion tombé à l’eau pendant l’effondreme­nt était beaucoup trop lourd pour le pont. Comme l’indique un panneau, toujours visible, celui-ci était interdit aux véhicules de plus de 19 t. Lisa, la jeune femme morte dans l’effondreme­nt, vivait à Mirepoix-surtarn. Sa mère la conduisait dans une Clio à son lycée de la commune voisine de Montastruc. Le conducteur du camion, un père de famille de 38 ans prénommé Damien, avait repris l’entreprise familiale de forage

Puits Julien Fondations. L’autopsie des deux victimes a révélé que la cause directe de leur mort est la noyade. Cinq personnes ont été blessées : la conductric­e de la Clio, deux témoins et deux pompiers. Mardi, la préfecture de Haute-garonne a indiqué que « les victimes ont fait l’objet d’une prise en charge médicale et psychologi­que » et que trois des blessés n’étaient plus hospitalis­és.

« Cause apparente »

Dès lundi, des sources proches du dossier ont évoqué un gros surpoids du camion. Selon le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzéari, le camion de 20 t emportait une foreuse de 30,8 t. « L’engagement du camion sur le pont est la cause apparente, a-t-il décrit, mais je ne dis pas exclusive. » Le conducteur du camion se serait engagé sur le pont malgré les appels de phares de son employé qui le suivait dans un camion transporta­nt des buses. La Clio s’est arrêtée au milieu du pont pour le laisser passer. Ni le second camion, ni le véhicule d’un autre employé, un apprenti qui suivait le convoi, ne se sont avancés sur le pont.

Dans son témoignage, l’employé qui a tenté de donner l’alerte a décrit son patron comme un homme « conscienci­eux » qui « préparait ses itinéraire­s ». Il a pu emprunter le pont « par habitude », suggère le procureur de la République, après un chantier d’un jour au village de Mirepoix-sur-tarn.

L’enquête a été confiée aux enquêteurs de la région de gendarmeri­e et à la section de recherche de Toulouse. Les locaux de l’entreprise Puits Julien Fondations, à Bessières, juste de l’autre côté du pont, ont été perquisiti­onnés lundi. Mardi après-midi, la Clio était en cours d’extraction de l’eau tandis que les gendarmes figeaient la scène grâce à un drone, modélisant l’accident en 3D. Le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre est aussi saisi. «Il devra tirer toutes les conséquenc­es de ce drame », indique le ministère de la Transition écologique, en charge des transports.

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Les enquêteurs tentent de reconstitu­er les circonstan­ces de l’accident.

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