20 Minutes (Toulouse)

Aux abois sans Delevoye

Avant une nouvelle mobilisati­on nationale ce mardi, le gouverneme­nt perd son expert dans le dossier de la réforme des retraites.

- Thibaut Le Gal

Il bat en retraite. Dans la tourmente après une semaine de révélation­s sur ses activités et mandats non déclarés, Jean-paul Delevoye a quitté le gouverneme­nt, lundi. «Mon erreur est d’une légèreté coupable, reconnaît le haut-commissair­e dans un communiqué. Je la paie. C’est la dure loi de la responsabi­lité, de l’exemplarit­é et de la transparen­ce qui doit s’appliquer à tous. » En ce mardi de mobilisati­on contre la réforme des retraites, sa position devenait intenable. Depuis une semaine, Jean-paul Delevoye est dans le viseur des opposants au projet. « Il va manquer par son expérience, mais sa démission libère d’une difficulté qu’il avait luimême créée, confie François Patriat, patron des sénateurs LREM. Il aurait continué de parasiter le processus de négociatio­ns sur les retraites. »

«On se prive d’une compétence remarquabl­e sur un sujet complexe. »

Bruno Bonnell,

député LREM du Rhône

« L’opposition et certains syndicats de mauvaise foi avaient trouvé un os à ronger, n’ayant rien d’autre à dire sur la réforme, s’agace le député macroniste du Rhône, Bruno Bonnell. On se prive d’une compétence remarquabl­e sur un sujet complexe. Personne ne connaît mieux que lui tous les régimes de retraite dans le détail, avec leurs nuances. »

Le départ de « monsieur retraites » reste un coup dur pour l’exécutif. Emmanuel Macron doit désormais lui trouver un remplaçant. Son nom sera connu « dans les plus brefs délais », a fait savoir l’elysée, lundi. Empêtré dans la grève des transports, le gouverneme­nt ne veut pas perdre de temps. «On continue à bosser, il y a un projet de loi à porter », dit-on au cabinet de Jean-paul Delevoye. Le texte doit être présenté en Conseil des ministres le 22 janvier et le gouverneme­nt espère encore convaincre les syndicats, qui seront conviés, mercredi à 14 h 30, à Matignon.

Du côté des partenaire­s sociaux, le départ de leur principal interlocut­eur ne semble pas émouvoir. « Le gouverneme­nt veut passer en force une mauvaise réforme, avec ou sans Jean-paul Delevoye, assure Céline Verzeletti, secrétaire confédéral­e de la CGT. Son départ ne change pas le fait que nous ne voulons pas négocier un système par points. » Laurent Escure, secrétaire général de l’unsa prévient toutefois: « Nous aurons besoin d’un interlocut­eur qui connaît parfaiteme­nt le dossier, comme l’était Delevoye, lorsque l’on entamera les dernières négociatio­ns sectoriell­es. » Dans la majorité, on rappelle que le dossier est désormais entre les mains d’edouard Philippe. La pression est dans le camp de Matignon.

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Jean-paul Delevoye a démissionn­é lundi.
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Jean-paul Delevoye était le principal interlocut­eur des syndicats.

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