Que du bonus pour les assurances ?
La réforme des retraites pourrait profiter au secteur privé
« A l’heure où l’horizon des futures retraites s’assombrit, Axa (…) lance son nouveau plan épargne retraite. » Cette publicité, qui circule en ce moment en ligne, surfe sur les grandes interrogations du moment : devra-t-on épargner davantage pour la retraite ? A qui profitera l’évolution du système à points que veut mettre en place le gouvernement ? Une question qui en amène une autre:les assurances privées, qui complètent les retraites publiques, sortiront-elles gagnantes de la réforme?
Les cadres sups visés
Des hommes politiques, comme Nicolas Dupont-aignan, crient au complot sur la fin du régime de retraite par répartition, au profit des «fonds de pension américains », selon les dires du patron de Debout la France. «C’est un fantasme», réagit Jean-hervé Lorenzi. Selon le président du Cercle des économistes, rien ne permet d’affirmer que le secteur financier au sens large sortira gagnant de cette réforme. Et pour cause, «les Français préparent déjà leur retraite principalement par l’achat d’un logement ou la signature d’un contrat d’assurance-vie». A l’avenir, si la réforme passe sous sa forme actuelle, un marché est cependant susceptible d’exister pour le secteur privé. Encore faut-il savoir si les actifs auront la capacité d’épargner.
«On ne peut pas connaître l’évolution des prix de l’immobilier et des gains de productivité », précise Jean-hervé Lorenzi. Une chose est sûre : en raison du vieillissement de la population dans le cadre d’un système par répartition, à long terme, «il va y avoir un choc sur les pensions [à la baisse]» que les Français devront anticiper.
Dans un tel contexte, l’exécutif a pour objectif d’inciter les particuliers à investir davantage dans des produits d’épargne retraite, donc dans le privé. Alors qu’il existait auparavant différents types de produits indépendants les uns des autres, la loi Pacte, promulguée en mai, permet de transférer facilement son épargne d’un compte à un autre au gré de sa vie professionnelle. Une simplification qui tombe à point nommé pour les cadres supérieurs, catégorie pour laquelle la réforme des retraites apporte le plus de changements. Avec cette refonte, les revenus des actifs aux plus hauts salaires ne permettront pas d’acquérir de nouveaux droits à la retraite, au-delà de 120 000 € de salaire annuels. « On estime aujourd’hui qu’entre 200 000 et 300 000 cadres seraient concernés par la baisse du plafond de cotisations, indique Valérie Lamaison, directrice épargne retraite entreprise chez Siaci Saint Honoré, une société de conseil, de courtage et d’assurance. C’est une nouvelle part de marché pour les banques et les assurances. »
Pour les salariés, pour l’instant, «il n’existe pas de visibilité suffisante sur ce que donnera la réforme des retraites, notamment en termes de taux de remplacement [la part de son ancien revenu perçue une fois à la retraite] », poursuit Valérie Lamaison. Mieux les salariés seront informés sur leurs retraites, plus les assureurs pourront développer leurs arguments.