« La réouverture suscite énormément d’angoisses »
La reprise partielle de l’activité attise les divergences entre associations, salariés et élus
Actée le 10 décembre, la reprise de l’activité de l’usine Lubrizol, classée Seveso, suscite la colère des riverains, profondément choqués par l’incendie du 26 septembre et par la gestion de la crise qui a suivi.
Corinne Adam, déléguée du personnel et salariée de l’entreprise depuis plus de vingt ans, défend, elle, cette réouverture : « On était persuadés que notre entreprise allait disparaître dans l’incendie et qu’on allait se retrouver au chômage technique. Alors, oui, on est soulagés. » L’entreprise, qui emploie 370 personnes sur la métropole, s’est, de son côté, engagée à sécuriser le site. « Un programme de formation de la maîtrise des nouvelles mesures de sécurité et de l’environnement de travail a été lancé », précise l’entreprise à 20 Minutes.
« Un déni de démocratie »
Attablé dans un café, près du Jardin des plantes de Rouen, Simon de Carvalho, coprésident de l’association Les Sinistrés de Lubrizol, esquisse un rictus quand on lui cite le dispositif conçu par l’usine. « C’est une mascarade », estime-t-il. Touché par l’immense panache de fumée de l’usine, cet habitant de la rive droite de Rouen fulmine : « L’incendie a été tellement violent, ça a été comme une marée noire géante pour nous. Alors oui, cette réouverture suscite énormément d’angoisses, on ne comprend pas comment cette autorisation a pu être délivrée. » Le préfet de Seine-maritime, Pierreandré Durand, à l’origine de la décision prise le 10 décembre, concentre les critiques. « Tous les représentants des citoyens et citoyennes ont voté contre ou se sont abstenus, des associations de consommateurs, les associations écologistes, l’union régionale des médecins libéraux et même la métropole de Rouen ! Avec cette réouverture, on a l’impression que tout le monde fait comme s’il ne s’était rien passé ! », s’étrangle Laura Slimani, conseillère municipale de Rouen pour le mouvement Génération-s. Son collègue, Jean-michel Bérégovoy, élu écologiste à la mairie, va plus loin : « C’est un déni de démocratie. Leurs voix n’ont pesé en rien sur la décision finale du préfet. »