La graisse a le beau rôle dans la thérapie régénératrice
Sciences Un nouvel institut de recherche table sur les tissus adipeux pour rendre plus efficace la thérapie régénératrice
Les maladies de Crohn, Alzheimer ou encore l’arthrose pourraient être soignées demain grâce à la thérapie cellulaire, à l’instar de ce qui se fait déjà pour certaines leucémies. Mais, cette fois-ci, les cellules-souches utilisées pour restaurer les tissus ou l’organe abîmés seraient issues des tissus adipeux, en d’autres termes de la masse graisseuse source de notre embonpoint.
Des essais cliniques en cours
C’est une piste innovante au coeur des recherches réalisées au sein du tout nouvel Institut des cellules-souches adultes et de la régénération (Incere), un bâtiment de 3500 m2 inauguré mercredi sur le site de l’oncopôle de Toulouse par la région Occitanie et l’etablissement français du sang. «Nous voulons faire du gras une source positive pour le traitement », avance, en souriant, le professeur Louis Casteilla dont les équipes du STROMALAB, installées dans le bâtiment flambant neuf, planchent sur le rôle réparateur de ces cellules issues des tissus graisseux. «Aujourd’hui, un essai clinique est par exemple en cours pour traiter l’ischémie critique [une diminution ou un arrêt de la circulation artérielle] des membres inférieurs qui se traduit par des gangrènes, indique le chercheur qui participe aux essais cliniques de ces médicaments de thérapie innovante. Quand vous avez un dommage sur des tissus, cela se traduit dans un premier temps par une inflammation. Ces cellules peuvent agir dessus et sur la reconstruction des tissus. Mais ce ne sont pas des cellules magiques, elles agissent dans un contexte précis.» Sur des paillasses voisines, les salariés de la start-up Cell-easy travaillent aussi sur ces fameuses cellules-souches, récupérées sur des tissus adipeux après une chirurgie esthétique au lieu d’être jetées à la poubelle.
Son objectif est d’arriver à mettre en place une « usine de production de cellules ». « Aujourd’hui, le procédé est autologue, le donneur de cellules est aussi le receveur, explique Pierre Monsan, directeur général de Celleasy. Mais cela est cher et ne passe pas économiquement. Nous l’avons repris pour le rendre allogénique, il peut y avoir ainsi un donneur et des centaines de receveurs. On récupère les cellules-souches pour les faire proliférer, on les congèle et on les distribue. » Ce dernier espère passer les différentes phases de validation et y aboutir d’ici trois à cinq ans. Grâce à la multiplication des cellules, il serait possible de réduire les coûts de la médecine régénératrice. Car aujourd’hui, pour une seule dose de traitement il faut débourser entre 30 000 et 50 000 €. Et cela conduit, parfois, à des scandales comme celui de Novartis en fin d’année qui proposait de tirer 100 bébés au sort pour leur offrir son traitement à deux millions d’euros l’injection.