Maintenant nous savons quoi en faire
Habituellement jetées, les savonnettes d’hôtel peuvent être collectées pour être réutilisées
Pour les savons, c’est la douche froide. Quand elles ne sont pas embarquées par des clients économes, les savonnettes usagées des hôtels font partie de ces objets à la courte durée de vie qui finissent aux ordures. Cinquante et un millions seraient ainsi jetées chaque année en France, estime l’association Unisoap, qui a décidé de mettre un terme à leur destin tragique et pas très écoresponsable. En partenariat avec une centaine d’établissements hôteliers, elle collecte et recycle ces produits d’hygiène généralement à peine entamés. « Chez nous, la durée du séjour est d’en moyenne 1,8 jour. Donc les savons que l’on met à disposition dans les salles de bains ne sont utilisés que trois ou quatre fois maximum», rapporte Maxime Ottogalli, directeur de l’hôtel Platine à Paris, un des partenaires d’unisoap. L’établissement compte 46 chambres et le gérant assure que le personnel chargé du ménage en collecte près de 60 kg usagés au bout de quatre à cinq mois. Ce précieux butin est ensuite acheminé en région lyonnaise dans un établissement et service d’aide par le travail (Esat) qui emploie des jeunes de 18 à 25 ans en situation de handicap. C’est ici que les savons vont faire peau neuve avant d’entamer une nouvelle vie. « Ils sont pesés, puis nettoyés à sec et à la main afin d’en enlever tous les résidus. La couche supérieure est complètement retirée », décrit Pauline Grumel, fondatrice et directrice d’unisoap. Un travail long et fastidieux, mais nécessaire pour des questions d’hygiène. Les savons sont ensuite broyés, mélangés et compactés par les machines de l’association. « On peut tout à fait les mélanger entre eux, même si ce ne sont pas les mêmes, assure Pauline Grumel. La seule chose qui change ce sont les fragrances, donc on a fait des tests pour savoir quels savons mélanger entre eux pour qu’ils aient un parfum agréable. » Le tout est ensuite moulé, découpé et estampillé du logo Unisoap.
Première distribution
Résultat : des petits pains rectangulaires de 100 g qui seront distribués à des associations venant en aide aux personnes défavorisées en France et à terme dans le monde entier. «Il y a 2,2 millions d’enfants qui meurent chaque année dans le monde à cause de maladies liées au manque d’hygiène», déplore Pauline Grumel. Créée en 2017, Unisoap a récolté près de 5 t de produits et est désormais prête à lancer la machine. Les premiers savons recyclés seront distribués au printemps. D’autant que l’initiative semble séduire les établissements hôteliers, de plus en plus nombreux à en être partenaires et mécènes. Bientôt les gaspilleurs prendront un sacré savon.
«Les savons ne sont utilisés que trois ou quatre fois. » Maxime Ottogalli, directeur de l’hôtel Platine à Paris