Le coronavirus emporte tout
L’épidémie a pesé sur le premier tour des municipales, entraînant un record d’abstention. A Toulouse, Jean-luc Moudenc devance Antoine Maurice.
La bataille du Capitole n’a jusqu’ici pas passionné les sondeurs, tant Jean-luc Moudenc (LR, soutenu par LREM), le maire sortant, était donné favori. Mais les Toulousains, et sans doute aussi le coronavirus vu la participation en berne, sont venus non pas déjouer les pronostics, mais rallumer assurément le suspense.
Une analyse plus fine de ce premier tour des municipales dira si se sont les personnes âgées, d’habitude assidues, qui ont décidé de rester chez elles ou si les familles ont profité du temps printanier pour prendre l’air en anticipant le grand confinement. Le fait est que seulement 37 % des électeurs toulousains se sont rendus aux urnes. Alors qu’ils étaient 52% à faire leur devoir citoyen en 2014. «Nous sommes la liste qui subit le plus l’effondrement de la participation », a affirmé sans détour l’édile sortant.
Malgré ce constat et comme prévu, Jean-luc Moudenc vire en tête. Mais il est crédité d’un score de 36%. Un bon résultat, mais dans la fourchette basse pour celui qui n’a pas d’allié
«C’est la première fois qu’à Toulouse, la gauche fait plus de 50% au 1er tour.» Pierre Cohen, ex-maire de Toulouse
pour fusionner. Même s’il muscle son discours sécuritaire, comme il l’a fait dans la dernière ligne droite, les réserves sont assez faibles à droite. Le centriste Franck Biasotto (soutenu par le Modem) est crédité de moins de 3% et le RN Quentin Lamotte, qui rêvait de faire revenir des élus de son obédience au Capitole, ne passe pas la barre des 5%. Le sortant appelle donc les abstentionnistes à un sursaut pour «empêcher l’arrivée d’une gauche mélenchoniste irresponsable aux commandes». «C’est la première fois de l’histoire qu’à Toulouse, la gauche fait plus de 50% au 1er tour.» L’analyse est de Pierre Cohen, (Generation.s), l’ex-maire de Toulouse, qui préfère voir le verre à moitié plein alors que son propre score (6%) ne lui permet pas de se maintenir. Mais il prend acte et va entamer les discussions avec Antoine Maurice, le challenger en titre sur qui repose désormais tous les espoirs de la gauche. L’écologiste, à la tête de la liste citoyenne inédite Archipel, est crédité de 27-28 % des suffrages. En tête de la gauche, c’est désormais à lui de mener les négociations et il promet de le faire sans retard. «Une nouvelle ère s’ouvre pour Toulouse, plus écologique et plus solidaire», a-t-il lancé dimanche soir. Les discussions seront plus faciles avec Pierre Cohen qu’avec la socialiste Nadia Pellefigue (UNE, PCF, PRG). La candidate, auteure d’un score de 18,5%, mais qui a vu s’envoler ses espoirs d’être maire de Toulouse, a la dent plus dure. «Il faut toujours chercher des voies, ditelle, les chercher, c’est un devoir mais les trouver ne nous appartient que pour partie», a-t-elle réagi. Elle milite surtout pour que le second tour soit annulé.