Inégaux dans la lutte contre le VIH
Une étude montre qu’aux premiers mois de l’infection, un mécanisme génétique de protection se met en place chez des femmes
Les femmes et les hommes ne sont pas toujours sur un pied d’égalité. C’est le cas en matière de santé, notamment lorsqu’il s’agit de lutter contre les virus. C’est ce qu’a démontré la crise du coronavirus, les patients masculins étaient surreprésentés dans les lits de réanimation. La fameuse immunité innée des femmes a alors fait la une de l’actualité pour expliquer ce phénomène. Mais elle jouerait également un rôle lors de l’infection par le VIH.
C’est ce que viennent de démontrer des chercheurs français, dont plusieurs Toulousains, dans une étude publiée dans la revue JCI Insight. Ils ont mis en évidence un mécanisme génétique responsable d’un biais de sexe dans la réponse immunitaire innée et le contrôle de la charge virale aux premiers mois de l’infection par le VIH.
Lorsque le VIH attaque, des sentinelles de l’immunité, des cellules baptisées PDC, se trouvent en première ligne. Dès qu’elles détectent la présence d’un virus grâce à leur récepteur (TLR7), elles relarguent dans le sang un bataillon de molécules antivirales très puissantes – les interférons – pour contrer le virus et inhiber sa réplication.
Le rôle essentiel de l’allèle T
Comme le récepteur TRL7 se trouve sur le chromosome X, et que les femmes l’ont en double exemplaire, il semble logique qu’elles soient mieux armées pour se défendre et que, de fait, le virus soit moins présent chez elles que chez les hommes. Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que cette production accrue d’interférons chez les femmes, comparée aux hommes, était responsable du meilleur contrôle de l’infection par le VIH. Cependant, la production trop importante d’interférons peut avoir un effet délétère.
Mais en scrutant de près les paramètres de patientes infectées, ils se sont rendu compte qu’une autre donnée jouait un rôle essentiel : l’allèle T. Présent sur le gène, il diminue la quantité de récepteurs (TLR7) et la production d’interférons chez les femmes. De manière inattendue, l’allèle T n’avait pas les mêmes effets chez les hommes. «Les femmes porteuses de l’allèle T étaient mieux protégées de l’infection, relève Jean-charles Guéry du Centre de physiopathologie de Purpan (CNRS / Université Toulouse / Inserm). Ce n’est pas une protection complète, mais on détecte moins le virus, entre 8 à 10 fois moins. Contrairement à ce qui avait été observé chez les hommes où l’allèle T est associée à une charge plus forte et une progression accélérée de la maladie.» Le chercheur rappelle que 30 à 50 % des femmes européennes sont porteuses d’au moins un allèle T. Une découverte inattendue qui remet en cause ce que l’on pensait acquis au niveau du mécanisme responsable du meilleur contrôle de la primo-infection VIH chez les femmes.