Les sociétés pyrotechniques au plus mal
Les sociétés pyrotechniques sont touchées de plein fouet par l’annulation de milliers de feux d’artifice du 14-Juillet
Un 14-Juillet sans feu d’artifice, c’est un peu comme un Noël sans sapin. Et pourtant, c’est ce qui attend un certain nombre de villes en France. Certes, Paris a annoncé mercredi qu’elle maintenait son spectacle, mais il aura lieu sans spectateurs.
S’il est symbolique, le rendez-vous parisien est loin de représenter la majorité des 12 000 feux tirés chaque année en France, la plupart du temps devant moins de 5 000 personnes, la jauge maximale pour tout rassemblement jusqu’en septembre. Si des petites communes ont décidé de maintenir leur feu d’artifice, la plupart l’ont annulé. C’est le cas à Toulouse, où des dizaines de milliers de personnes se pressent chaque année, ou encore à la cité de Carcassonne, une référence. Dans ces deux villes, le feu d’artifice est habituellement assuré par la société pyrotechnique toulousaine Ruggieri. « Nous allons faire moins de 10 % des feux d’artifice prévus les 13 et 14 juillet, soit 4 000 à travers la France. C’est une tradition, un spectacle gratuit, qui n’aura pas lieu, sauf dans certaines communes où les terrains sont assez grands pour mettre en place les gestes barrières », explique Jean-michel Dambielle, son directeur général opérationnel qui se retrouve avec un stock de 5 millions d’euros sur les bras.
«Il y aura beaucoup de casse»
Dès le début du confinement, il a vu les contrats être dénoncés les uns après les autres. Le 14-Juillet représente 60 % à 80 % du chiffre d’affaires des sociétés, selon le syndicat des fabricants d’explosifs de pyrotechnie et d’artifices, et « près de 100 % du marché est concentré entre juin et septembre», relève Jean-michel Dambielle. Le ciel se pare dans certains coins de France de 1 000 feux au 15 août. Si certains ont pu espérer rebondir à ce moment-là, c’est peine perdue, les communes ayant aussi pour la plupart annulé ces festivités. Ce qui va mettre plusieurs milliers d’artificiers au chômage technique. Chez Ruggieri, les effectifs passent traditionnellement d’une soixantaine à l’année à plus de cent personnes entre avril et juillet. « Nous avons 80 % de nos effectifs au chômage partiel. Nous, nous appartenons au groupe Etiennelacroix qui a la trésorerie pour nous soutenir. Mais il y aura beaucoup de casse », prédit le responsable. Les concessionnaires avec qui la société travaille sont aussi touchés.
A défaut de pouvoir compter sur des rendez-vous comme l’exposition universelle de Dubaï, reportée, Ruggieri a mis au point un spectacle de remerciement pour les personnels soignants. « Quelques clients sont intéressés, mais il y a encore un manque de vision sur l’avenir », déplore Jeanmichel Dambielle.