Ils transforment des avions de ligne en bombardiers d’eau
Un prof toulousain et une société ont mis au point un système pour transformer les gros-porteurs en avions de lutte contre les incendies
Chaque été, des milliers d’hectares partent en fumée en France, dans les incendies. Cette semaine, près de 300 hectares ont encore disparu dans un gigantesque feu à Istres (Bouches-du-rhône). Pour aider les Etats de l’union européenne dans la lutte contre les incendies, des chercheurs toulousains planchent depuis plusieurs années sur un système permettant de transformer tout avion de ligne en bombardier d’eau en optimisant les modes de largage. Baptisé Kios, le système toulousain, qui a fait l’objet d’un brevet, optimise le largage de produits retardant le feu, combiné à un réservoir innovant, limitant les pertes lors de sa dispersion. Ce dispositif est né d’une collaboration entre Dominique Legendre, professeur à Toulouse INP et chercheur à l’institut de Mécanique des Fluides de Toulouse, et David Joubert de la société Kepplair Evolution. « Nous avons travaillé sur les performances des systèmes développés pour la lutte contre les incendies aux Etats-unis, qui utilise les produits antifeu pour retarder la progression de l’incendie, explique Dominique Legendre. Notre système ne remplace pas les Canadairs, mais est un complément de la gestion des incendies, en particulier quand ils sont de grande taille. »
Premiers vols en 2022
L’objectif de Kios est de transformer tout avion gros-porteur, comme un A310 ou A330, en bombardier d’eau en optimisant les modes de largage. Un réservoir innovant permet de contrôler le débit d’eau ou de produit selon huit niveaux de largage différents, chacun propulsant le fluide à une vitesse constante. L’appareil pourra ainsi couvrir de larges zones à bombarder sans aller-retour pour récupérer de l’eau. « Et quand l’avion n’est pas utilisé hors des saisons des incendies, il peut servir pour des missions sanitaires ou humanitaires », détaille Dominique Legendre.
Après des essais concluants en laboratoire grâce à un prototype à l’échelle 1/3, les ingénieurs toulousains veulent désormais tester leur système en condition réelle, sur un avion. Et avec la crise sanitaire, les avions cloués au sol ne manquent pas en ce moment… Les porteurs du projet sont ainsi en discussion avec l’entreprise Tarmac Aerosave qui stocke et démantèle des centaines d’appareils à Tarbes. En septembre, l’union européenne va de son côté lancer l’appel Horizons2020 Green Deal, comptant une thématique sur la prévention des incendies. Un chantier auquel va candidater le projet toulousain. « Le temps d’obtenir des financements, il faudra encore un an pour opérer la transformation de l’avion, sa certification et ses essais, souligne Dominique Legendre. Les premiers vols pourraient avoir lieu dans le courant du second semestre 2022. »