« Away » perpétue la fascination pour le cosmos
Pour la diffusion d’«away», Jacques Arnould, expert éthique au Cnes, revient sur les liens entre fiction et aventure spatiale
En 2018, The First, sur Hulu, imaginait Sean Penn en premier homme à poser le pied sur Mars. En 2019,
For All Mankind, sur Apple TV+, réécrivait une version inspirante de l’histoire de la conquête de la Lune. The Right Stuff, prochainement sur Disney+, reviendra sur les exploits des astronautes du programme spatial Mercury. J.J. Abrams prépare pour HBO Glare, qui suivra l’installation de colons sur une nouvelle planète. Autant dire que les plateformes de streaming ont la tête dans les étoiles…
Netflix n’est pas en reste : après
Another Life en 2019, qui suit une équipe d’astronautes en mission pour découvrir les origines d’un mystérieux artefact extraterrestre, la plateforme a décidé d’expédier dès ce vendredi l’actrice oscarisée Hilary Swank sur Mars dans Away. Pourquoi la conquête spatiale fascine-t-elle toujours autant la fiction ?
Le ciel, « le plus bel écran »
L’être humain est fasciné depuis toujours par le cosmos. « Il y a des racines extrêmement profondes au niveau historique et psychologique qui font de l’espace un lieu de projection», rappelle Jacques Arnould, expert éthique au Centre national d’études spatiales (Cnes). La fiction sur le sujet a commencé à se développer « en littérature d’abord », avec Savinien de Cyrano de Bergerac et son Histoire comique des Etats et Empires du Soleil (1657), « puis au cinéma », avec Le Voyage dans la Lune, de Méliès (1902). «Qu’est-ce qu’on a comme plus bel écran pour se projeter que le ciel ? », souligne le spécialiste. Dans Away, l’astronaute américaine Emma Green (Hilary Swank) prend les commandes de la première mission habitée vers Mars. « Aller sur Mars, c’est encore de la fiction, mais peut-être plus pour longtemps », souligne l’expert.
« Thomas Pesquet a passé six mois à bord de L’ISS. Trois ans, ce n’est plus la même chose… » Jacques Arnould
Cette mission oblige l’héroïne à laisser derrière elle pendant trois longues années son mari et sa fille. Jusqu’où peut-on aller dans le sacrifice ? Sur l’aspect psychologique d’une telle mission, « nous n’avons que des hypothèses, résume le chercheur. Thomas Pesquet a passé six mois à bord de L’ISS, mais passer à trois ans, ce n’est plus la même chose.»
Les oeuvres de fiction permettent aussi au public de réfléchir à des questions éthiques. Doit-on aller sur Mars ou explorer les confins de l’univers, et à quel prix ? « C’est la question éthique par excellence : à quel prix ? Le prix humain, financier et technologique. » Nous préparer culturellement à ces voyages aux frontières de l’infini, tel est peut-être le rôle essentiel de ces fictions.