Des accusés aux profils variés
Jeudi, au deuxième jour du procès des attentats de janvier 2015, la cour s’est penchée sur la personnalité des 11 hommes dans le box
L’un vendait des vêtements sur les marchés dans les Ardennes, l’autre tenait un garage automobile en Belgique… Les 11 hommes qui comparaissent depuis mercredi devant la cour d’assises spéciale, soupçonnés d’avoir apporté un soutien logistique aux terroristes de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’hyper Cacher, ont beau être assis côte à côte, difficile de leur trouver des points communs. Jeudi, la cour a entrepris de brosser la personnalité des accusés. Car « on juge des faits mais avant tout des hommes », a rappelé son président, Régis de Jorna.
Il y a d’abord Abdelaziz Abbad. Cet homme de 36 ans est accusé d’avoir cherché, en vain, des armes pour le compte de Saïd Kouachi. S’il avait d’abord reconnu les faits, affirmant ne pas savoir quel usage il comptait en faire, ce natif de Charleville-mézières (Ardennes), tombé dans la délinquance à l’adolescence, s’était finalement rétracté. Position qu’il maintient aujourd’hui. «Je ne pourrais jamais adhérer à ce genre d’idéologie, j’ai grandi dans une famille musulmane. Pour moi, ça a toujours été une religion de paix.»
«Son défaut, c’était le jeu»
A l’autre bout du box, le doyen des accusés, soupçonné d’avoir participé à une transaction d’armes, se lève. Le Belge Michel Catino, fils d’immigré italien, dit sa fierté d’avoir ouvert son premier café à 22 ans, sa passion pour le casino et sa condamnation pour avoir organisé des salles de jeu dans son affaire. «Son plus gros défaut, c’était le jeu», assure à la barre son fils.
Si son nom apparaît dans le dossier, c’est en lien avec un autre accusé, Metin Karasular, Turc de 50 ans installé en
Belgique. Les deux hommes sont unis notamment par leur amour du jeu. Moulé dans un sweat noir, ce père de six enfants est soupçonné d’avoir aidé Amedy Coulibaly à se procurer des armes. Chez lui, les enquêteurs ont retrouvé une liste, attribuée à Ali Riza Polat, seul accusé renvoyé pour complicité de crimes, dans laquelle il s’enquiert du prix d’armes automatiques, entre autres. L’homme a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés. C’est peut-être là le seul point commun entre les différents accusés : tous nient leur implication dans ces attentats terroristes. Le verdict est attendu le 10 novembre.