Cheslin Kolbe, l’insaisissable
Avec ses appuis et sa vitesse incroyables, l’ailier sud-africain de Toulouse épate les foules et écoeure ses adversaires
Une feinte de départ vers l’extérieur, puis un terrible crochet intérieur, le tout en quelques dixièmes de seconde. Avec ses 28 sélections en équipe d’irlande, Jacob Stockdale n’est pas le premier venu. Pourtant, l’ailier de l’ulster s’est fait déposer dimanche par Cheslin Kolbe, comme des centaines de joueurs avant lui. Et beaucoup d’autres subiront le même sort face à la « spéciale » de l’ailier électrique du Stade Toulousain, qui exportera son talent, samedi, sur la pelouse anglaise d’exeter, en demifinale de Coupe d’europe. « Insaisissable » : le même qualificatif revient dans la bouche des partenaires et des adversaires du Springbok de 26 ans. «Il me fait penser à l’anglais Jason Robinson [champion du monde 2003] par sa capacité à faire des différences énormes dans de petits espaces, grâce à des appuis incroyables », observe Renaud Longuèvre, ancien entraîneur de Ladji Doucouré désormais directeur technique national de l’athlétisme israélien et qui a oeuvré dans le rugby (Stade Français et Biarritz) au tournant des années 2010. Mais cette incroyable explosivité de Kolbe, d’où vient-elle ? «Cela se joue sur la qualité de pied et la force explosive, sur la capacité d’enfoncer le pied au sol avec une très grande puissance, dans un temps très court », détaille Longuèvre.
Une défensive étonnante
En 2018, le Toulousain avait expliqué à RMC Sport avoir couru le 100 m en 10,7 secondes lorsqu’il avait 18 ans. « C’est un très bon temps pour un rugbyman, juge Longuèvre. Mais, ce qui compte, c’est la vitesse spécifique rugby, c’est-à-dire la capacité à répéter des sprints à très haute intensité pendant quatre-vingts minutes, avec de violentes accélérations sur 40 ou 50 m. »
A ses qualités d’attaquant exceptionnel, le champion du monde 2019 associe une quasi-infaillibilité défensive, étonnante pour un joueur dont le poids varie, selon les sources entre 74 et 90 kg. « Franchement, quand tu pèses 74 kg, tu n’attrapes pas un avant comme il le fait », sourit le DTN d’israël. Mais, au fait, la magie peut-elle résister au poids des ans ? Oui, selon le spécialiste, si les blessures, en particulier au genou, le laissent tranquilles. « Ce sont les muscles stabilisateurs du genou qui donnent la capacité de repartir très vite à la suite d’un blocage de la course. Après 30 ans, on ne peut plus améliorer la qualité de vitesse, mais on peut l’entretenir, en compensant la dégradation de la composante nerveuse de la vitesse par plus de force musculaire. Jusqu’à 35-40 ans, avec une préparation et une récupération optimisées, il n’y a pas de raisons de ne pas aller vite. » Tant mieux pour le Stade Toulousain et le spectacle, tant pis pour les défenses des autres équipes.