Les premiers nichoirs volent au secours des oiseaux
Afin de protéger la biodiversité le long du canal du Midi, une expérience est lancée avec le concours des riverains
C’est l’une des conséquences de l’arrivée du chancre coloré sur les berges du canal du Midi. Depuis quinze ans, près de 25 000 platanes touchés par ce parasite mortel ont été abattus. Avec ces coupes, une crise du logement a vu le jour. Non pas pour l’homme, mais pour les oiseaux. Ainsi, les mésanges charbonnières ou encore les pipistrelles avaient pris l’habitude de nicher dans les cavités nombreuses de ces arbres. Après avoir installé près de 900 lits douillets sur les arbres encore debout pour que les oiseaux s’y réinstallent, Voies navigables de France (VNF) a décidé de proposer aux riverains du canal du Midi de leur offrir le gîte et le couvert. « Quand nous avons commencé l’abattage, nous avons tout de suite pensé à la replantation mais nous avons aussi réfléchi à ce que nous perdions, explique Emilie Collet, responsable environnement au sein de VNF Sudouest. Nous avons engagé des inventaires et regardé les espèces protégées présentes car nous avons une responsabilité envers cette biodiversité.»
« L’idée n’est pas d’y passer tous les jours, mais à certaines périodes. » Emilie Collet, responsable environnement à VNF Sud-ouest
Les premiers nichoirs installés sur les berges sont régulièrement investis, que ça soit par des petits-ducs et des rolliers d’europe, et leur taux d’occupation de 65 % ne cesse de croître. « Nous avons posé les premiers sur le domaine fluvial, mais nous nous sommes dit qu’il fallait aller au-delà du canal, notamment là où il y a un vide, où le chancre coloré a touché de nombreux arbres, poursuit la chargée de mission. Le comité d’experts s’est alors dit pourquoi ne pas faire participer la population. » Un appel aux riverains du cours d’eau a donc été lancé pour l’accueil de 430 refuges à oiseaux et chauve-souris. Pour devenir l’hôte d’un de ces gîtes, il faut habiter entre 5 et 10 km à proximité du canal, avoir un arbre pouvant supporter la pose d’un nichoir et, surtout, s’engager à assurer le suivi écologique sur la durée. Et s’inscrire sur le site créé pour l’occasion.
«Il faut parfois un ou deux ans avant qu’ils fonctionnent, avance Emilie Collet, qui espère que des écoles candidateront. L’idée n’est pas d’y passer tous les jours, mais à certaines périodes. Nous sommes en train de développer une application où les observations pourront être rentrées. C’est une façon de faire de la science participative et un moyen d’avoir des statistiques à grande échelle.» Une fois la sélection des participants réalisée, les premiers gîtes seront distribués d’ici à la fin de l’année. Avec l’espoir de voir nicher dès le printemps les premiers rolliers d’europe, remarquables grâce à leur bleu électrique.