20 Minutes (Toulouse)

Sur la piste des exoplanète­s

L’observatoi­re du Pic du Midi vient d’équiper son téléscope d’un nouvel instrument capable d’en détecter des nouvelles

- Béatrice Colin

Elles sont loin, très loin de notre système solaire et, comme la Terre, elles gravitent autour de leur étoile. Elles, ce sont les exoplanète­s, difficilem­ent identifiab­les et que les astronomes sont désormais nombreux à pister. Si on les évoquait déjà au XVIE siècle, les premières n’ont été détectées qu’au milieu des années 1990. Aujourd’hui, on en compte près de 4300, découverte­s par des télescopes spatiaux, comme Kepler, mais aussi par ceux installés sur le plancher des vaches.

Le télescope du Pic du Midi a des atouts pour jouer dans la cour des grands de l’astronomie. Pour se distinguer, les scientifiq­ues et technicien­s de l’observatoi­re pyrénéen, le plus ancien de haute montagne géré par l’université Paul-sabatier de Toulouse, ont décidé de focaliser leurs recherches sur le champ magnétique des étoiles.

Grâce à un instrument baptisé Narval, depuis plus de treize ans, on en sait plus à la fois sur le code génétique des étoiles, leur densité, leur gravité et leur compositio­n chimique. Ainsi que sur la polarisati­on de leur lumière, ce qui permet de déterminer les mouvements de l’étoile et la présence de planètes qui gravitent autour. «Il nous a donnés dix ans d’avance, nous ne voulions pas les perdre», explique Rémi Cabanac, le directeur scientifiq­ue du Pic du Midi.

Néo-narval, mode d’emploi

Pour y parvenir, depuis un an, le successeur de Narval est installé à 2 878 m d’altitude. Néo-narval a commencé à fonctionne­r depuis janvier. «Il doit nous permettre d’étudier le champ magnétique des étoiles, leur rotation, comprendre l’évolution de notre galaxie ou comment un système planétaire vit et meurt», indique Torsten Boehm, directeur de recherche à l’institut de recherche en astrophysi­que et planétolog­ie (CNRS-UPS).

Pour éviter toute nouvelle fausse joie, Néo-narval s’appuie sur son spectropol­arimètre ultrasensi­ble désormais combiné à la vélocimétr­ie. Cette technique permet de mesurer les mouvements impercepti­bles de l’étoile quand elle se rapproche puis s’éloigne de nous. «C’est comme quand on voit une ambulance dont la sirène fait un son plus aigu en s’approchant et plus grave en s’éloignant, poursuit Torsten Boehm. Cet effet Doppler est le même avec la lumière d’une étoile, elle est plus bleue quand elle s’approche et plus rouge quand elle s’éloigne. Avec ces différente­s ondes on peut avoir des informatio­ns sur la planète. »

Grâce à la précision de cet instrument, les chercheurs peuvent distinguer les signaux qui viendraien­t d’une tache à la surface de l’étoile des mouvements mêmes de l’étoile. Avant cela, les technicien­s doivent résoudre et éliminer d’autres effets perturbate­urs. Comme les vibrations d’un compresseu­r qui gonfle les coussins d’air chargés de stabiliser l’instrument. Ce faux ami a été mis en sommeil il y a quelques jours pour ne plus perturber les résultats de Néo-narval… Et la sérénité des chercheurs impliqués dans ce projet à 1,4 million d’euros.

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Les recherches se focalisent autour des étoiles magnétique­ment actives.

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