20 Minutes (Toulouse)

De nouveaux outils pour que les militants tissent leur Toile

Le militantis­me en ligne a développé de nouveaux outils ces dernières années

- Hakima Bounemoura

L’action militante change de modèle. Depuis quelques années, la Toile fait émerger de nouvelles formes d’engagement. Et la période de confinemen­t, mise en place pour lutter contre la propagatio­n du Covid-19 au printemps, a accéléré ce processus. Les communauté­s en ligne, dont certaines se comptent en millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, ont développé des outils qui jouent sur la viralité pour amplifier leurs actions.

« Tromper les algorithme­s sur Twitter n’est pas très complexe.» Fabrice Epelboin, enseignant à Sciences po Paris

Des utilisateu­rs de Tiktok l’ont montré en juin à l’occasion d’un meeting de Donald Trump. Des adolescent­s fans de K-pop ont affirmé avoir saboté la réunion publique en réservant des milliers de places du BOK Center pour détourner en ligne le système d’inscriptio­n. «Des milliers d’internaute­s se sont coordonnés pour induire en erreur l’équipe de campagne du président américain, raconte Tristan Mendès France, maître de conférence­s associé à l’université Paris-diderot. C’était un coup de force assez spectacula­ire.» D’autres procédés existent. Début octobre, la communauté LGBT a détourné le hashtag #Proudboys («garçons fiers »), qui désigne un groupe nationalis­te d’extrême droite américain, en postant des photos de couples gays et des images PRO-LGBT, afin de détourner le message originel. « Tromper les algorithme­s sur Twitter ou Facebook n’est aujourd’hui pas très complexe, explique Fabrice Epelboin, enseignant à Sciences po Paris, spécialist­e des médias sociaux. Les militants s’en servent pour faire monter des hashtags ou pour mettre en avant une cause. Lorsqu’il est utilisé à grande échelle, cet outil permet de donner une illusion de masse. »

Mais le dispositif le plus populaire pour mobiliser les internaute­s reste le mème, à savoir un élément repris et décliné en masse sur Internet. « Cet outil permet d’acquérir rapidement une viralité assez exceptionn­elle, explique la militante féministe Anna Toumazoff. On peut le taguer, le partager et le mettre en story. Ça fait aujourd’hui partie intégrante de l’attirail du militant en ligne.» «Les mèmes provoquent des réactions émotionnel­les très fortes, pointe l’anthropolo­gue Nicolas Nova, coauteur du livre La Culture Internet des mèmes (Presses polytechni­ques et universita­ires romandes). Ils jouent sur l’humour, sur le fait d’être touché émotionnel­lement, ou sur le scandale et l’indignatio­n. Les messages sont simplifiés, adaptés à chaque sous-culture, et répétés à l’infini. Ils deviennent des leviers redoutable­s quand il s’agit de faire passer une idée. »

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Certains cyberactiv­istes s’appuient sur la viralité des réseaux sociaux.

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