«On a le sentiment que c’est sans fin»
L’hommage au professeur assassiné, Samuel Paty, a réuni plusieurs milliers de personnes à Paris
« J’ai l’impression de revivre la même chose qu’il y a cinq ans», souffle Philippe, 40 ans, professeur de mathématiques et de physique-chimie dans un lycée de banlieue parisienne. Comme le 11 janvier 2015, au lendemain d’attaques terroristes, les caricatures signées Cabu ou Charb se dressent un peu partout. Deux jours après la décapitation de Samuel Paty (lire l’encadré), professeur d’histoire dans un collège de Conflans-sainte-honorine (Yvelines), plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées dimanche sur la place de la République, à Paris, pour lui rendre un ultime hommage.
«Sortir de la politisation»
« Emus » et « horrifiés », beaucoup se sont dits « inquiets » après cette attaque qui a visé un enseignant à la sortie de son établissement. Comme Philippe, Laure, Parisienne de 39 ans, confie sa lassitude : « On a le sentiment que c’est sans fin.» A côté d’elle, sa fille Louise, « bientôt 9 ans », explique avec ses mots : « On est là parce que le professeur a été tué juste parce qu’il faisait son travail.» Sa mère, émue, dit son sentiment d’impuissance face à cette attaque : « C’est difficile parfois de lui expliquer pourquoi on en est arrivés là. On n’a pas toujours les réponses. » Frédéric, Sandrine et Juliette sont eux aussi venus en famille. A 46 ans, cette fonctionnaire appelle à un sursaut collectif : « Il faut sortir de la politisation. Je refuse qu’on se retrouve dans une situation à l’américaine, avec une société fracturée. Il faut pouvoir continuer à se parler. » Nageate, parent d’élève en Ile-defrance à la FCPE, se veut optimiste : « Dire aujourd’hui qu’on assiste à une fracture, c’est un peu fort. Tous les acteurs de la communauté éducative doivent continuer à travailler main dans la main et rester solidaires. C’est le seul moyen pour que les enseignants continuent à faire de nos enfants des citoyens éclairés. »