20 Minutes (Toulouse)

Un outil pour sentir les pics à l’hôpital

Des chercheurs estiment que le recensemen­t des pertes olfactives serait un moyen de prévoir les surcharges hospitaliè­res

- Hélène Ménal

Le constat ne fait plus débat : même si elle n’apparaît pas à tous les coups, l’anosmie – autrement dit la perte olfactive – est un des symptômes du Covid-19. «Au départ, les premières études chinoises ne faisaient pas de lien spécifique, mais à partir du mois de mars, les spécialist­es qui travaillen­t sur l’odorat ont créé une communauté internatio­nale de plus de 500 chercheurs et nous avons mis en ligne un questionna­ire grand public, traduit dans plus de 30 langues», raconte Denis Pierron, chercheur dans l’équipe de médecine évolutive (AMIS, CNRS-UT3) de Toulouse. Plusieurs milliers de Français se sont prêtés au jeu. Ils ont fourni aux scientifiq­ues une matière première précieuse qui, alors que la deuxième vague frappe la France de plein fouet, pourrait s’avérer très utile. Car dans une publicatio­n dans la revue Nature Communicat­ions, notamment signée par Denis Pierron et Moustafa Bensafi, son collègue du centre de recherche en neuroscien­ces de Lyon, les auteurs suggèrent tout bonnement aux pouvoirs

Les recherches ont montré un lien « spatio-temporel fort » entre l’anosmie et le stress hospitalie­r.

publics de considérer la perte olfactive comme un outil de prévision de la surcharge hospitaliè­re. Leurs recherches ont en effet montré un lien «spatio-temporel fort», entre l’anosmie et le stress hospitalie­r. Avec le recul, elles indiquent que dans les régions les plus fortement touchées par la première vague, comme dans le Grand-est par exemple, le pic de surcharge hospitaliè­re est apparu « une dizaine de jours après » le pic d’anosmie. Au dépouillag­e des questionna­ires, ils ont ajouté des données plutôt simples à se procurer : les requêtes Google sur la perte du goût et de l’odorat. Et la corrélatio­n est la même. « Les requêtes sur la toux et la fièvre apparaisse­nt, puis celles sur l’anosmie trois jours plus tard et la surcharge hospitaliè­re environ dix jours après », souligne Denis Pierron. Un simple questionna­ire en ligne* et une analyse fine des données Internet : pour les auteurs de l’étude, l’outil serait « peu coûteux » et, conjugué aux autres indicateur­s, pourrait permettre de mieux anticiper les vagues d’arrivées dans les hôpitaux.

Et même d’évaluer les décisions prises pour gérer la pandémie. Car, avec les mêmes méthodes, les chercheurs estiment aussi que le confinemen­t a été « très rapidement efficace ». « Les recherches Internet sur l’anosmie ont commencé à décroître trois jours après le début du confinemen­t », relève le chercheur toulousain. * Questionna­ire disponible à l’adresse : form. crnl.fr/index.php/146862?newtest=y&lang=fr

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La perte olfactive est l’un des symptômes du Covid-19.

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