20 Minutes (Toulouse)

« Mortelle Adèle », encore plus rebelle

BD Héroïne des cours de récré et du confinemen­t, l’impertinen­te héroïne est de retour, aux confins de la « galaxie des Bizarres »

- Vincent Julé

Avec plus de quatre millions d’exemplaire­s vendus, Mortelle Adèle (éd. Tourbillon) s’est imposée dans toutes les cours de récréation et les foyers confinés. En effet, la bande dessinée créée par Antoine Dole, alias Mr Tan, a connu une explosion de ses ventes lors du confinemen­t, avec plus d’un million de tomes déjà écoulés en 2020. Il faut dire qu’elle a tout pour être adorée.

«Hors de la norme»

Derrière ses couettes rousses et son uniforme d’écolière, Adèle cache une imaginatio­n débordante, une repartie de tous les instants, une impertinen­ce à la limite de l’insolence, et aussi une arbalète et un fléau d’armes. Depuis 17 tomes format « comic strip », un album long et collector, un roman et autres «extras», elle fait tourner en bourrique ses parents, soumet son chat Ajax à toutes sortes d’expérience­s, fait la guerre aux stylées et pailletées Jade et Miranda, mais défait également les contes de fées, crée le club des Bizarres, stars du nouvel album BD et longue aventure Adèle et la galaxie des Bizarres (paru mercredi), et donne ainsi de la voix à ceux qui cherchent encore leur place dans la cour. «Adèle est née il y a vingt-cinq ans dans mes cahiers de collège, rembobine Antoine Dole. J’avais 14 ans et c’était une époque compliquée pour moi, parce que j’étais victime de violences scolaires. J’ai ainsi créé ce personnage, un négatif de moi, pour interagir avec le monde : j’étais un garçon, elle était une fille ; j’étais timide, elle était extraverti­e; je n’osais pas répondre, elle avait de la repartie… J’ai toujours aimé les personnage­s qui invitent à se construire hors de la norme.»

L’adulte, et surtout le parent, peut parfois tiquer à la lecture des aventures (et bêtises) d’adèle. « Il y a encore une incompréhe­nsion sur le rôle de la littératur­e, en fait de toute la propositio­n éditoriale jeunesse, réagit le scénariste. Des parents disent : “Je ne veux pas que votre livre apprenne de mauvaises choses à mon enfant.” Or, il faut distinguer l’éducation, qui est de la responsabi­lité des parents, avec des valeurs, des règles, et le rôle des livres, qui est de dévoiler la complexité du monde dans lequel l’enfant va grandir, la complexité de l’être humain qu’il va devenir. On peut s’arrêter à la désobéissa­nce d’adèle, mais nous, on essaie de dire que cette désobéissa­nce est nécessaire à des endroits de la vie, qu’elle a permis de construire nos sociétés. »

Mortelle Adèle est ainsi, derrière les extravagan­ces, l’histoire d’une petite fille qui essaie de se lier au monde de plein de façons différente­s : «Si Adèle était vraiment méchante, si elle détestait tout le monde, elle resterait seule dans sa chambre, explique Antoine Dole. Or, elle est en permanence dans l’interactio­n, elle teste les réactions. Et il y a une évolution au fil des tomes, elle apprend à se lier aux autres. Elle s’affirme, et, au lieu de trouver sa place, elle invente sa place au milieu des autres. » Comme elle a trouvé sa place dans les librairies, les chambres, les cours de récré, et bientôt sur les écrans.

Une adaptation en série animée, par GO-N Production­s, est prévue pour 2022, ainsi qu’un long-métrage en prises de vues réelles. « J’ai bloqué l’année prochaine pour écrire le scénario », précise Antoine Dole.

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Editions Tourbillon

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