Sortis de crise
Le coronavirus et les mesures prises pour enrayer l’épidémie affectent l’économie. Mais des entreprises trouvent de nouveaux débouchés.
Quand le confinement a été décidé, le 17 mars, les créateurs de Morio ont tout autant tremblé que l’ensemble des Français. « On n’a pas vu ça tout de suite comme une opportunité, indique Jean Venet, cofondateur de cette entreprise de cinq salariés, qui sécurise les flottes de vélos électriques de collectivités locales comme la ville de Besançon, de loueurs saisonniers ou d’entreprises de livraison. D’autant que toutes les petites boîtes sont fragiles. »
Mais cette start-up née en mars 2017 à Lyon, avant de migrer quelques mois plus tard à Toulouse, attirée par un « écosystème » propice, bénéficiait d’un énorme atout, synthétisé par son cofondateur de 31 ans, associé à Adrien Rambaud (29 ans) : « Nous évoluons dans un secteur qui n’est pas l’avenir, mais déjà le présent. » Une belle commande engrangée juste avant la fermeture du pays avait déjà assuré un avenir à court terme à Morio, qui équipe chaque vélo électrique de ses clients d’une carte électronique faisant office de traceur, pratique en cas de vol.
« Nous amassons des informations en temps réel pour permettre de retrouver le vélo le plus vite. » Jean Venet, cofondateur Morio
« Pendant le confinement, on a senti le marché tressaillir, poursuit Jean Venet. Et lors du déconfinement, ça n’a fait que parler vélo ! On disait qu’il fallait éviter les transports en commun, mais aussi les voitures, pour ne pas engorger les villes. Nous étions assez mûrs pour répondre à une grosse augmentation de la demande. » Car qui dit « plus de vélos » dit aussi « plus de vols de vélos », une conséquence identifiée comme l’un des principaux freins à l’abandon du siège auto pour la selle de bicyclette… Pour la première fois cette année, Morio, installé à la « Cité » des start-up, à Montaudran, devrait être rentable. Ses responsables tablent sur un chiffre d’affaires de 100 000 € en 2021, 500 000 € en 2021 et un million en 2022. Avant le « boom », les 3 000 traceurs fraîchement commandés à son partenaire Syselec auraient dû couvrir les besoins jusqu’en août 2021. Ils devraient finalement être tous livrés d’ici au mois de mars. Cette année, l’entreprise a rajouté une option « assurance » à son offre, qui comprend donc le traceur caché sur le vélo. Un GPS détecte la position du deux-roues signalé volé, avec un accéléromètre pour affiner les données. « Nous amassons un maximum d’informations en temps réel pour permettre de le retrouver le plus vite possible », décrit Jean Venet. Morio s’adresse seulement aux entreprises disposant au minimum d’une dizaine de vélos. « Nous sommes les chiens de berger de la flotte, explique le cofondateur. Un berger avec un seul mouton n’a pas besoin de chien. »