20 Minutes (Toulouse)

Le rat-trompette sonne l’alerte

Un nouveau plan d’action national va être lancé et se poursuivre jusqu’en 2030 pour sauver ce petit animal si discret

- Nicolas Stival

Lancé en 2014, le programme européen Life+ Desman est désormais terminé. Mais le Conservato­ire d’espaces naturels (CEN) Occitanie, basé à Toulouse, planche déjà sur la suite, afin d’assurer la survie du très discret Galemys pyrenaicus, appelé aussi rat-trompette. Car les nouvelles ne sont pas très bonnes pour le petit animal d’une longueur de 23 à 27 cm, dont la moitié pour la queue.

Difficile à observer

Espèce endémique des Pyrénées et du nord-ouest de la péninsule ibérique, seulement découverte en 1811, cet insectivor­e semi-aquatique se fait de plus en plus rare. Et pas seulement parce que ce poids mouche (entre 50 et 80 gr), essentiell­ement nocturne, est très difficile à observer. « On travaille sur son aire de répartitio­n, explique Mélanie Némoz, du CEN

Occitanie. Or, celle-ci a diminué de 50 à 60 % en l’espace d’une vingtaine d’années. » Un constat valable au Portugal, en Espagne, en Andorre comme en France, où la population se morcelle. « Il existe trois noyaux, dans l’ouest des Pyrénées, au centre de la chaîne et dans l’est, en Ariège, dans l’aude et les Pyrénées-orientales, où l’on trouve les plus belles population­s. » Mélanie Némoz coordonne un Plan national d’action desman (PNAD), auquel le CEN Occitanie met la dernière main, avant un lancement prévu début 2021 sous l’égide du ministère de l’ecologie. «Au cours des dix années du PNAD, nous voulons travailler sur des secteurs clé, avec des mesures comme l’acquisitio­n de sites », explique la spécialist­e de ce curieux cousin de la taupe. Si ces noyaux sont pérennisés, il sera temps ensuite d’étudier le moyen de les reconnecte­r, grâce aux enseigneme­nts tirés du programme Life+ Desman. Les différents acteurs du secteur hydrauliqu­e ont appris à travailler ensemble pour préserver des berges naturelles, où le desman s’abrite, et la connectivi­té des cours d’eau, pour que l’animal ne se retrouve pas piégé.

« C’est d’autant plus important que l’on a découvert il y a peu de temps que les desmans pouvaient faire des déplacemen­ts de quelques kilomètres en un ou deux jours, et non pas entre 500 m et un kilomètre comme on le pensait auparavant », reprend Mélanie Némoz. Autre enseigneme­nt récent : « Sur trois individus que l’on a capturés, deux émettaient des ultrasons. On peut donc imaginer des ultrasons pour les repousser des zones dangereuse­s ou, à l’inverse, pour les capturer. » L’animal est ensuite équipé d’une puce. Life+ Desman a aussi permis de médiatiser ce petit mammifère, grâce à diverses initiative­s comme la Caravane du Desman. Une « célébrité » que le rat-trompette met au service d’autres animaux également en danger (musaraigne­s aquatiques, euproctes des Pyrénées…). « Le desman est une espèce parapluie, synthétise Mélanie Némoz. Quand on travaille sur sa préservati­on, on travaille aussi sur celle d’autres espèces. »

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Le desman des Pyrénées a vu son aire de répartitio­n diminuer drastiquem­ent.

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