Le Vendée Globe met les voiles
La course s’élance dimanche des Sables-d’olonne. A quoi faut-il s’attendre cette année ?
Ils seront 33 au départ, et à la fin il n’y aura qu’un vainqueur. «Koh-lanta»? Non, le Vendée Globe. La grande course au large en solitaire, sans escale et sans assistance, repart pour un tour du monde dès dimanche. Sans Armel Le Cléac’h, tenant du titre concentré sur de nouveaux objectifs, mais avec du très beau monde quand même.
Conséquence logique de l’épidémie de coronavirus, il n’y aura pas un spectateur le long des quais, là où 350 000 personnes étaient venues souhaiter bon courage aux aventuriers en 2016. Ce que regrette le double vainqueur du Vendée, Michel Desjoyeaux, sur France 3 Bretagne : «La sortie du chenal, c’est une forte émotion, vous échangez avec le public, c’est là que vous mesurez la portée de ce que vous allez faire.»
Les génies François Gabart (déjà absent en 2016) et Armel Le Cléac’h ont déserté la classe Imoca, mais le Vendée Globe n’en demeurera pas moins relevé. Des projets de haut vol ont mis des bateaux supersoniques aux mains de navigateurs extrêmement côtés tels Jérémie Beyou (3e il y a quatre ans) sur Charal, l’inénarrable Alex Thomson sur Hugo Boss et le rookie Charlie Dalin sur Apivia. Pour le vainqueur de la dernière édition, il ne fait aucun doute que la gagne se jouera entre ces trois-là : «Entre Jérémie Beyou et Alex Thomson, je mets un petit plus sur Jérémie. Sa préparation est plus complète, notamment sur la connaissance et sur la fiabilisation de son bateau. Charlie Dalin n’a pas l’expérience des deux autres, mais il a eu une bonne préparation avec une victoire sur la Jacques-vabre. »
Comme Alex Thomson, d’autres bateaux de dernière génération s’élancent sur l’everest des mers dimanche. Des navires dernier cri extrêmement rapides sur le papier, mais dont le timing des projets peut laisser dubitatif à long terme sur le Vendée Globe comme Arkéa Paprec (piloté par Sébastien Simon), dont le second foil n’a été installé que fin octobre. « Il y a huit bateaux neufs qui ont des foils gigantesques et qui marchent vraiment plus vite dans des conditions parfaites, explique le navigateur Louis Burton. Mais certains de ces bateaux ont eu une préparation très courte, le confinement n’a pas aidé. Pourront-ils tenir sur un tour du monde? N’oublions pas que ça reste un sport mécanique.»
Armel Le Cléac’h abonde dans ce sens et s’inquiète à juste titre du manque d’infos sur la fiabilité de «ces machines bourrées de technologie, de plus en plus rapides et qui ont besoin de temps de navigation». Et plus précisément de temps de navigation « dans des conditions musclées, ce qu’elles ont peu eu, finalement». A l’inverse, il met une pièce sur des outsiders moins modernes, mais beaucoup plus fiables. « Quand on voit un couple Prb-kévin Escoffier ou Samantha Davies-initiatives Coeur, ça fait partie des gros outsiders. Ce sont des marins qui connaissent leur bateau sur le bout des doigts, des machines qui ont déjà fait des transatlantiques, voire déjà des tours du monde. »
Sans Gabart et Le Cléach, les favoris sont Beyou, Thomson et Dalin.