Garder le contact, c’est tout un sport
Au moins une fois par semaine, des «visio-entraînements» permettent à certains clubs amateurs de poursuivre les cours
Après une saison tronquée, les sportifs amateurs espéraient une année plus sereine. Et puis, la « cata » : le reconfinement a provoqué la fermeture des gymnases. Mais beaucoup de clubs ont décidé de continuer, coûte que coûte. A côté des exercices envoyés par mail ou en vidéo et des challenges, ils ont parfois opté pour des « visio-entraînements ».
« Il s’agit plus d’un accompagnement de la pratique sportive, témoigne Marie Meyzie, maîtresse d’armes d’aucamville escrime. Je suis beaucoup moins intransigeante que dans la salle. » Que ce soit via Google Meet ou sur Zoom, la technologie doit suivre. « Nous avons dû déplacer la borne wifi, témoigne Nicolas, père de Clara, une gymnaste de 11 ans du club de GRS Labastide (Tarn-et-garonne). On avait tout installé dans le bureau, mais ça ne captait pas. Dans le salon, c’était compliqué par rapport au reste de la famille. Alors, Clara s’entraîne dans une chambre en travaux. » Le système D est de rigueur, d’autant que les cours sont souvent limités dans le temps : une réunion Zoom version gratuite ne dure que 40 min. Par ailleurs, derrière un écran divisé en autant de fenêtres qu’il y a d’élèves, il n’est pas facile pour un éducateur de repérer les erreurs. « Une posture est plus facile à corriger que le maniement du bâton, glisse Marie-laure Chicon, professeure du club de twirling bâton de Villefranche-de-lauragais. Nous faisons des exercices adaptés, pas des choses impressionnantes qui nécessiteraient de la place ou de la hauteur. » Les pratiquants ont besoin de répéter pour ne pas perdre la main : «Tout ce que les filles ont appris, je ne veux pas qu’elles le perdent, insiste l’entraîneuse.» Son club prête les bâtons à ses licenciées.
L’escrime avec une bouteille
De leur côté, les sociétaires d’aucamville Escrime disposent de leur équipement (tenue, masque, gants), à une exception près : l’arme. « Les plus âgés ont la leur chez eux, décrit Marie Meyzie. Pour les autres, c’est “l’escrime-bouteille”. Je leur demande de trouver une bouteille d’eau vide, ou un manche à balai. Mais aussi un objet qui ne se casse pas, comme un rouleau de papier-toilette ou une peluche, à poser sur un tabouret, pour le faire tomber et travailler sa précision. » A Labastide-saint-pierre, les filles de la GRS ont laissé de côté ballons, rubans ou massues. « Elles se mettent en tenue, elles ont leur tapis et leur bouteille d’eau puis elles font du sol et des exercices d’équilibre, détaille Nicolas. Il y a beaucoup d’étirements avec des grands écarts. Tout le monde est content de se retrouver. » Cette volonté de rester en contact est soulignée par toutes ces associations de moins de 100 licenciés. Une question de convivialité, mais aussi d’économie, pour ne pas avoir perdu trop de plumes lorsque la vie (à peu près) normale reprendra.