20 Minutes (Toulouse)

Dans le vrai bureau des ovnis

Ce lundi, Canal+ diffuse «Ovni(s)», inspirée du Geipan, à Toulouse, un service qui planche sur les objets volants non identifiés

- Hélène Ménal

Plus personne n’y fume comme un pompier et la moustache n’y est plus franchemen­t tendance. Mais le Geipan, le Groupe d’études et d’informatio­ns sur les phénomènes aérospatia­ux non identifiés (ex-gepan) existe bel et bien à Toulouse. Comme dans Ovni(s) (lire aussi p.12), la série loufoque qui démarre ce lundi sur Canal+, il occupe un « petit » rez-de-chaussée du site du Cnes et abrite une modeste équipe, « l’équivalent de quatre temps plein ». On y retrouve le « mur des émotions », tous ces dessins que les témoins de phénomènes étranges restituent. Et comme dans la fiction, on y cultive un certain sens de l’autodérisi­on. « J’ai relu le scénario, mais nous n’avons pas validé le contenu, explique Roger Baldacchin­o, le vrai responsabl­e du Geipan version XXIE siècle. J’ai vu les quatre premiers épisodes. La série est décalée, agréable à regarder. » Bon, non, « Ariane n’est pas un programme allemand », mais l’ingénieur comprend que les ressorts scénaristi­ques s’affranchis­sent parfois de l’orgueil scientifiq­ue des nations.

Des résultats publiés en ligne

Dans la vraie vie, le Geipan reçoit en moyenne « 600 sollicitat­ions par an qui donne lieu à 150 enquêtes». «Les gens ont parfois la crainte de passer pour des farfelus, mais pour nous un témoin est toujours honnête quelle que soit la chose étrange qu’il a vue et qui souvent l’a effrayé », insiste Roger Baldacchin­o. Quitte à décevoir notre côté X-files, le Geipan «ne travaille pas sur le paranormal ». Avec un réseau d’une vingtaine d’enquêteurs bénévoles et autant d’experts, il instruit, analyse, décortique avec méthode les témoignage­s. Des interfaces bien rodées avec l’armée ou la Direction générale de l’aviation civile, accélèrent parfois le processus. Et le service met un point d’honneur à publier tous ses résultats sur la Toile. « On arrive à expliquer 60% des cas», assure Roger Baldacchin­o. Entre les traces radars des avions qui, «vus sous une certaine perspectiv­e peuvent ressembler à des gros cigares », les données sur les phénomènes astronomiq­ues et météo, la majorité des mystères trouvent une explicatio­n rationnell­e.

Dans 30% des cas environ, par manque de précision des témoignage­s et des données, le Geipan a une hypothèse plausible, mais ne peut pas la certifier.

Et puis, il y a les fameux dossiers «classés D », les cas inexpliqué­s, qui continuent de faire fantasmer ou frissonner. Comme ce « rond jaune avec une barre verte» surgit en 2019 en pleine nuit en rase campagne… Peut-être un drone. Peut-être autre chose. Avec la série, Roger Baldacchin­o se dit que le téléphone va sonner de plus belle à Toulouse. Après une année 2020 déjà anormaleme­nt agitée et un pic à plus de 1 000 signalemen­ts. La faute au ciel souvent dégagé des soirées confinées du printemps. Mais aussi au programme de satellites Starlink, du milliardai­re Elon Musk.

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Didier Mathure (Melvil Poupaud), est à la tête du Gepan dans la série.

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