20 Minutes (Toulouse)

«Cliquer, c’est s’engager »

La directrice France de la plateforme de pétitions en ligne Change.org, Sarah Durieux, publie un manuel d’activisme

- Propos recueillis par Hakima Bounemoura

Les pétitions en ligne se sont multipliée­s ces dernières années. Certaines ont même réussi à mobiliser plusieurs millions de personnes, comme celle intitulée « Pour une baisse des prix du carburant à la pompe», qui a lancé le mouvement des « gilets jaunes» en 2018. «Nous pouvons toutes et tous utiliser les méthodes de l’activisme pour faire bouger les lignes », explique Sarah Durieux, directrice France de la plateforme Change.org. Elle publie jeudi le livre Changer le monde (éd. First).

Pourquoi avoir ressenti le besoin d’écrire ce livre, qui est une sorte de manuel du « militant en herbe » ?

Je voulais m’adresser à tous ceux qui n’ont pas d’expérience, ni de réseaux pour faire connaître leurs causes. C’est un grand enjeu démocratiq­ue, et c’est pour cela que j’ai écrit ce livre. Il est important aujourd’hui de former les gens, de leur donner des outils pour faire avancer leur combat en ligne.

La pétition en ligne est-elle un véritable outil pour militer, aujourd’hui ?

Absolument. C’est en tout cas un bon point de départ. La pétition en ligne permet de rendre une cause publique, de se compter – ce qui donne une légitimité au groupe –, et, surtout, de s’organiser pour la suite du mouvement. C’est ce qui s’est passé très récemment avec le boulanger de Besançon qui a lancé une pétition en ligne [240 000 signatures] pour que son apprenti, un jeune réfugié guinéen, ne soit pas expulsé. De nombreuses actions ont été entreprise­s à la suite de cette pétition et ont permis de faire aboutir cette cause. Cette campagne a été extraordin­aire, et c’est typiquemen­t le genre de mobilisati­on que nous soutenons sur Change.org.

Beaucoup critiquent pourtant les pétitions en ligne et, d’une manière générale, le « militantis­me du clic »…

Certains estiment que ce genre de militantis­me nécessite peu d’effort, moins d’engagement. C’est une critique que je peux comprendre mais qui, aujourd’hui, n’est plus fondée. La pétition était utilisée auparavant comme un indicateur pour mesurer l’engagement. Aujourd’hui, c’est un outil central d’organisati­on de la mobilisati­on. Cliquer, c’est une manière de s’engager.

La crise sanitaire a-t-elle amplifié la mobilisati­on en ligne ?

Il y a eu un avant et un après Covid-19. On est passés de près de 1000 pétitions par mois sur la plateforme à plus de 3000. En France, cela représente une hausse de 15 % du nombre de personnes inscrites sur la plateforme. Les gens, qui ne pouvaient pas manifester à cause des confinemen­ts, ont eu besoin de solutions pour se faire entendre.

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Le nombre de pétitions en ligne a augmenté en raison de la crise sanitaire.
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