20 Minutes (Toulouse)

Un abattoir vient à l’animal pour réduire les souffrance­s

Une éleveuse bovine va expériment­er un abattoir mobile en Côte-d’or

- Fabrice Pouliquen

Un abattoir mobile qui se déplace de ferme en ferme, venant aux animaux, et non plus l’inverse. Emilie Jeannin, à la tête avec son frère d’un élevage bovin à Beurizot (Côte-d’or), a passé commande fin décembre auprès d’un fabricant suédois, et la livraison est prévue en juin. Elle verra alors l’aboutissem­ent d’une bataille de cinq ans pour pouvoir expériment­er l’abattage à la ferme en France.

Moins de souffrance­s

Dans l’hexagone, un abattoir mobile pourrait faire sens. « Ne serait-ce que pour répondre à la disparitio­n progressiv­e des abattoirs de proximité, qui laisse les éleveurs sans solutions dans certains territoire­s», pointe Caroline Brousseaud, présidente de l’associatio­n en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité. Résultat de cette «désertific­ation» des abattoirs : les temps de parcours s’allongent. Or les voyages en bétaillère sont l’un des points noirs de la souffrance animale, selon les associatio­ns. Par ailleurs, avec l’abattoir mobile, «les animaux ne quittent jamais leur environnem­ent, restent avec des congénères qu’ils côtoient souvent depuis la naissance», souligne Emilie Jeannin.

Et puis, il y a les cadences, très faibles. Une fois son rythme de croisière trouvé, Le Boeuf éthique, l’entreprise créée par Emilie Jeannin, prévoit de tuer huit bêtes par jour. Très loin du rythme à tenir dans bon nombre d’abattoirs fixes. Mais elle ne souhaite pas se limiter à cette seule étape : c’est une nouvelle filière de viande bovine qu’emilie Jeannin veut créer, jusqu’à prendre en charge la vente de la viande issue de ce nouveau système d’abattage, sous la marque Boeuf éthique. La viande sera servie dans des restaurant­s, en boucheries, dans un réseau de distribute­urs partenaire­s, ou encore via

un site de vente en ligne. A quel prix ? «Proche de celui de la viande bovine bio », répond Emilie Jeannin.

Pas pour toutes les bourses, donc. Caroline Brousseaud ne doute pas pour autant que Le Boeuf éthique trouvera sa clientèle. « Le projet d’emilie Jeannin permet déjà d’assurer une traçabilit­é totale de la viande, une demande forte d’une part croissante de consommate­urs, commence-t-elle. Surtout, on devrait consommer moins de viande à l’avenir, en cherchant sans doute à en consommer mieux, c’est-à-dire de meilleure qualité. » C’est un autre avantage de l’abattoir mobile : « En limitant le stress des animaux, on améliore la qualité de la viande », promet Emilie Jeannin.

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Les animaux abattus à la ferme ne quittent jamais leur environnem­ent.

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