Une époque dans l’air du temps
Les années 1970 sont au centre de deux créations françaises
Effet de mode ou simple coïncidence ? La fiction française succombe au charme des Seventies. La saison 3 des Petits Meurtres d’agatha Christie (lire par ailleurs), lancée ce vendredi sur France 2, installe son nouveau commissariat en 1972 pendant qu’ovni(s), dernière-née des créations originales de Canal+, implante son bureau d’enquêtes sur les extraterrestres en 1978. Si les fictions remontent le temps, c’est parce que « leur action est placée à l’époque de la naissance du public visé, analyse François Jost, auteur de De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ? [CNRS éditions]. Elles jouent sur la nostalgie. » Une époque où l’on fume au bureau, on écoute Radio Monte-carlo, on se repose dans le fauteuil d’emmanuelle et on tape à la machine à écrire.
« Des choses nouvelles »
« On avait envie d’explorer un monde que l’on n’a pas connu, celui dans lequel nos parents ont grandi, cette France crépusculaire des Trente Glorieuses où les choses commençaient à changer et où les certitudes commençaient à vaciller et où il y avait un enthousiasme général », explique de son côté Martin Douaire, cocréateur d’ovni(s). Une énergie et un optimisme dont on a cruellement besoin actuellement.
Les années 1970 portent les germes de notre monde, qu’une nouvelle génération cherche à comprendre : « C’est une époque où l’on découvrait plein de choses nouvelles, qui ont depuis été un peu corrigées », considère Thylacine, le compositeur de la BO d’ovni(s). Carburer à la nostalgie n’est donc pas la seule raison de cet engouement pour les années 1970. « Une série d’époque n’est intéressante que si elle parle d’aujourd’hui», souligne Sophie Révil, qui produit la série de France Télévisions. Alors que la question du féminisme et de la masculinité titille les années 2020, les années 1970 sont justement caractérisées par la deuxième vague féministe et « le machisme triomphant », rappelle Sophie Révil. Et de donner quelques informations sur l’intrigue de cette nouvelle époque : « On a imaginé qu’en 1972 il y avait une expérience faite au commissariat de Lille et que la première femme commissaire en France y était nommée. Dans la réalité, le concours de commissaire s’est ouvert aux femmes seulement en 1974. »
Au-delà du côté funky et coloré des tabourets Tam Tam des Seventies, si les sous-pulls à col roulé vintage en acrylique s’incrustent tant dans les séries d’aujourd’hui, c’est parce qu’ils permettent de gratter tout en douceur l’époque que nous vivons.