20 Minutes (Toulouse)

Contaminés et minés

Plusieurs mois après avoir contracté le Covid-19, certaines personnes, toujours souffrante­s, souhaitent une prise de conscience collective.

- Oihana Gabriel

Matthieu Lestage a l’impression d’être enfermé dans un (mauvais) film : « C’est un jour sans fin, avec les bons jours où je me sens capable de faire une vaisselle, et les jours moins bien où je dors, confie-t-il. C’est une catastroph­e. » Matthieu est atteint de ce qu’on appelle un Covid long, qu’on connaît encore mal. « Je suis sorti de l’hôpital comme un zombie, sans médication, détaille l’adhérent de l’associatio­n Après J20. On m’a dit : “Vous êtes Covid +, mais vous avez 42 ans, ça va bien se passer.” Quatre mois après, ça ne va pas du tout. Tout ça parce que je ne rentre pas dans les cases. »

«Il y a aussi des enfants qui dorment seize heures par jour.» Patricia Mirallès, députée LREM

Ce mercredi pourrait être une date importante sur le front du Covid long. Avec le hashtag #Apresj20, beaucoup veulent alerter grâce à leurs récits sur Twitter. « On a beaucoup entendu que c’était des femmes entre 40 et 50 ans, mais peut-être que les hommes osent moins en parler. Il y a aussi des enfants qui dorment seize heures par jour », signale Patricia Mirallès, députée (LREM) de l’hérault, hospitalis­ée pour cause de Covid-19 en mars 2020 et qui en souffre toujours.

La députée a aussi déposé une propositio­n de résolution, discutée ce mercredi après-midi à l’assemblée nationale. Avec trois objectifs. Le premier, une reconnaiss­ance du Covid long. «On demande une prise en charge multidisci­plinaire et homogène sur tout le territoire, explique Patricia Mirallès. Est-ce qu’on dira un jour que le Covid est devenu une maladie chronique? Peut-être, je ne suis pas médecin.» Trop tôt pour le savoir, avec seulement un an de recul. Sachant que certains symptômes s’estompent, laissant penser qu’ils pourraient être des séquelles résorbable­s.

Deuxième point, faire avancer la recherche. « Car, aujourd’hui, des médecins ne trouvent pas de financemen­ts », souffle Patricia Mirallès. Or c’est avec des cohortes de patients que pourront être définis les symptômes communs à ces malades… et, un jour, des traitement­s efficaces. Enfin, troisième pan : la question de la reconnaiss­ance de la maladie profession­nelle. Aujourd’hui, il faut prouver qu’on a eu un test positif, qu’on a été hospitalis­é et placé sous oxygène. «Je voudrais qu’il y ait une reconnaiss­ance pleine et entière pour celles et ceux qui ont été contaminés alors qu’ils contribuai­ent à faire vivre la France : soignants, éboueurs, caissières…, insiste la députée. On ne peut pas les laisser en demi-salaire alors qu’ils ne sont pas capables de revenir travailler. »

Sa propositio­n de résolution (avec un vote sans amendement) est portée par LREM, Agir, le Modem. Et est cosignée par la députée Laurence Trastour-isnart (Les Républicai­ns). «J’ai bon espoir que ça passe. On traite de l’humain, il faut savoir enlever son écharpe. » Mais même en cas de vote positif, le chemin restera long avant que les soignants, les chercheurs et les patients trouvent une définition précise et commune de ce qui pourrait devenir, un jour, une affection de longue durée.

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Une associatio­n souhaite encourager, sur les réseaux sociaux ce mercredi, les récits de la maladie, qu’on connaît mal.

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