Sur un terrain inclusif et militant
L’équipe toulousaine des Footeuses de M… réunit «femmes et personnes trans de tous niveaux»
Ce samedi matin, les Footeuses de M… ont rendez-vous pour s’entraîner au stade Canto-laouzetto, dans le quartier toulousain de Bellefontaine. Dans l’après-midi, elles proposeront des animations autour de leur discipline au village féministe de La Grave, organisé par le collectif Toutes en grève. Sport et militantisme. Voici déclinées en une journée les deux facettes de cette équipe qui se définit comme « un atelier foot bienveillant en non-mixité » pour « femmes et personnes trans de tous niveaux».
«Que personne ne soit écarté»
Anaïs, 32 ans, fait partie des pionnières : « J’ai participé au tout premier entraînement voici cinq ans, nous étions dix.» Elles sont aujourd’hui « entre 30 et 40 », dont « 15 à 20 par entraînement », âgées de 18 à presque 50 ans. Elles viennent de différents milieux sociaux et affichent, ou pas, des confessions diverses. Une majorité n’avait jamais joué en club avant. « Au tout début, avec quelques femmes, on s’est rendu compte qu’on aimait bien le foot, décrit Anaïs. Il n’est jamais trop tard pour commencer, on a trouvé quelqu’un pour nous apprendre. Très vite, il y a eu du monde intéressé.» Longtemps, les Footeuses de M… ont erré de terrain en terrain, dans différents coins de Toulouse : Gironis, Argoulets… «La plupart des clubs nous ont dit qu’ils n’acceptaient pas les femmes voilées, reprend Anaïs. Or, nous voulons que personne ne soit écarté de l’équipe tant qu’il y a un partage des valeurs d’inclusivité. » Et il y a un peu plus de deux ans, L’AS Toulousemirail (ASTM) a ouvert ses installations à l’équipe, devenue une section du club. « Nous avons des créneaux d’entraînement, de bons équipements, c’est parfait », se félicite coach Allison. L’ancienne gardienne de but de 27 ans a tâté de la D2 du côté d’evreux, en Normandie. « J’ai déjà entraîné des débutants garçons et je propose les mêmes exercices : conduite de balle, passes, apprendre à faire les touches, le positionnement sur le terrain, le rappel des règles », détaille-t-elle. « Ce que j’apprécie dans le groupe, c’est que lorsqu’elles arrivent sur le terrain, elles oublient leurs différences et sont là pour jouer ensemble, partager une passion commune », ajoutet-elle encore.
L’ASTM propose des licences à prix coûtant, autour de 30 €. « Certaines joueuses sont en situation de précarité, alors le reste de l’équipe cotise pour elles », indique Anaïs. Dans un monde idéal, donc sans Covid-19, les Footeuses de M… auraient pour la première fois participé à un championnat loisirs cette saison en foot à huit. C’est partie remise, pour la rentrée de septembre si tout va mieux.
Anaïs semble partante. Mais elle prévient : « Si jamais il y a un problème ou qu’une personne est écartée d’un match parce qu’elle est transgenre ou voilée, on sera solidaires et on déclarera forfait. »