Changer le regard sur l’autisme en entreprise
Une coopérative veut mettre en avant les talents des salariés autistes auprès des recruteurs
Ils et elles peuvent être des cadors en informatique, design ou comptabilité, mais ne seront jamais repérées. Ce constat, Gabrielle Blinet n’est pas la seule à l’avoir fait. Aujourd’hui, 90% des adultes autistes sont au chômage. «La société peut passer à côté de la force et des atouts de ces gens», explique la cofondatrice de Specialisterne France, une coopérative tout juste créée à Toulouse et dont l’objectif est de servir de cabinet de recrutement pour les profils neuroatypiques.
Le groupe d’innovation sociale a été créé en 2004 au Danemark et a depuis des antennes un peu partout à travers le monde. « En France, on estime que 650000 personnes ont un trouble du spectre de l’autisme (TSA), soit 1 % de la population. 30 % ne peuvent pas vivre de manière autonome, mais 70% peuvent travailler. Mais ils ont souvent des difficultés à comprendre les jeux sociaux, à passer un entretien classique», poursuit Gabrielle Blinet, dont la toute jeune pousse va désormais jouer un rôle intermédiaire pour mettre le pied à l’étrier de futurs salariés.
« Une chance »
La coopérative va ainsi évaluer les compétences des candidats, leur faire passer des tests, indépendamment de leurs diplômes. «On a ainsi croisé la route de développeurs informatiques géniaux qui n’avaient même pas le bac en poche. L’autisme est une chance pour l’entreprise, la différence cognitive fait du bien, même côté business», souligne Gabrielle Blinet.
Après avoir reçu le soutien de grandes entreprises lors d’une levée de fonds, les cofondatrices de Specialisterne France se lancent à l’assaut des futurs recruteurs. Et elles joueront le rôle d’intermédiaires, pouvant apporter des réponses aussi bien aux futurs salariés, qui seraient par exemple anxieux, qu’aux managers démunis face à une situation, et avouent parfois être passés à côté de cas déjà présents dans les effectifs.