La France doit-elle suivre la stratégie du voisin espagnol?
En Espagne, les décès liés au Covid-19 sont à un niveau bien plus bas qu’en France
Les images du musée du Prado ouvert et des terrasses madrilènes remplies ont de quoi faire saliver les Français. Après six mois sans restaurant, bar ou vie culturelle, l’hexagone se prépare au retour de la vie sociale pour le 19 mai. Avec envie… et angoisse. Alors, l’espagne, qui a gardé restaurants, bars, théâtres, musées et commerces ouverts, peut-elle nous montrer la voie ? L’espagne affichait en avril des indicateurs bien plus bas que la France : 100 morts par jour environ, contre 300 chez nous. Certes, les Espagnols sont 46 millions d’habitants, les Français, 67 millions, mais le décalage reste important.
Les restrictions sont en vigueur chez nos voisins ibériques, mais elles diffèrent (un peu) des nôtres. Les musées et les théâtres sont restés ouverts, mais avec une jauge (75 %) et le masque obligatoire. La plupart des salles de concert et les discothèques ont fermé. Les rassemblements à l’intérieur sont interdits, ceux en extérieur, limités à six personnes.
Des restrictions locales
Autre nuance : attention à notre vision jacobine, avertit Jean-jacques Kourliandsky, chercheur à l’institut de relations internationales et stratégies (Iris) : « La gestion de la santé espagnole relève des régions autonomes. Les terrasses tout le temps ouvertes, c’est Madrid et sa région. » Et non l’intégralité du pays. Il est donc intéressant de comparer le taux d’incidence national (98 cas pour 100 000) et celui de Madrid : 305. Finalement peu éloigné de celui de l’ile-de-france : 336 cas pour 100 000 habitants.
Savoir que les terrasses sont restées ouvertes en Espagne et que le pays s’en sort mieux peut-il donc nous rassurer ? « Non, c’est vraiment lié à des circonstances et des rythmes de contagions décalés, tranche le chercheur à l’iris. C’est la même chose au Portugal. En janvier, c’était la catastrophe et, aujourd’hui, ces deux pays ont deux ou trois fois moins de contagions qu’en France.» Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de L’AP-HP, estime tout de même qu’on pourrait s’appuyer en partie sur l’exemple espagnol : « Là-bas, les tables des terrasses sont vraiment espacées et avec pas plus de six personnes par table, ajoute-t-il. A Paris, on est serrés. Si on arrive à se discipliner, on peut reprendre une vie sociale avec des conditions qui limitent les contaminations. Car une quatrième vague cet été, [qui signifierait] annuler les congés d’été des soignants, ce serait catastrophique. »