L’enjeu abstention
Les élections régionales et départementales, dont le 1er tour aura lieu dimanche, pourraient être marquées par une forte désaffection des urnes.
L’Occitanie a beau être la deuxième plus vaste région de France, celle ou celui qui la dirigera au soir du second tour des régionales sera originaire d’un petit bourg du Comminges situé à une soixantaine de kilomètres de Toulouse : Martres-Tolosane. C’est le fief de Carole Delga, la présidente socialiste sortante, mais aussi là où la famille de Jean-Paul Garraud, le candidat RN, trouve ses racines. Et sans préjuger du verdict des urnes, les sondages montrent invariablement que le match se jouera entre l’ex-ministre de François Hollande et celui dont Marine Le Pen veut faire son garde des Sceaux en cas de destin présidentiel. Dans les études d’opinion les plus récentes, et comme Louis Aliot en 2015, le magistrat RN (ex-LR), qui privilégie la thématique de la sécurité sur les réseaux sociaux, sort en tête au premier tour, oscillant entre 30 % et 33 % des intentions de vote, contre 26 % à 30 % pour Carole Delga. Mais Jean-Paul Garraud progresse très peu dans les hypothèses de second tour et la sortante reste favorite à sa succession. D’autant plus si la socialiste arrive à rallier les écologistes avec qui elle a déjà gouverné pendant six ans. Antoine Maurice, la tête de liste EELV, a soulevé des désaccords – sur l’extension du port maritime du Portla-Nouvelle, le projet d’autoroute Toulouse-Castres ou encore la LGV Toulouse-Bordeaux – mais sans une animosité irréparable. Et, alors que le médiatique José Bové vote déjà Delga, encore faut-il qu’Antoine Maurice ait le choix car il flirte dans les sondages avec la barre des 10 % des votes exprimés permettant à une liste de se maintenir, ou de menacer de le faire. Myriam Martin, pour LFI, qui s’était alliée à EELV en 2015, doit, elle, accrocher la barre des 5 %, ouvrant une possibilité de fusion. Mais Carole Delga semble cette fois écarter l’hypothèse. Pour la droite et le centre, une rivalité plutôt agressive a animé la campagne entre le candidat LR, le député du Lot Aurélien Pradié, et Vincent Terrail-Novès, le maire ex-LR de Balma, désormais « transpartisan » mais soutenu par la majorité présidentielle et Agir.
Vers une quadrangulaire ?
Les deux hommes se disputent les soutiens des élus locaux et de figures nationales, avec, dans la dernière ligne droite, un gros coup de pouce d’Edouard Philippe à « VTN ». Les deux jeunes candidats sont au coude à coude dans les sondages (12 % pour Pradié et 11 % pour Terrail-Novès dans la dernière enquête Ifop pour La Dépêche du Midi), tous les deux donc en position de se maintenir, provoquant une quadrangulaire. Aurélien Pradié a annoncé qu’il ne fusionnerait jamais, « VTN », conseiller régional sortant, compte se maintenir s’il le peut. Enfin, trois autres têtes de liste sont en lice : Malena Adrada (LO) pour le camp des travailleurs, Jean-Luc Davezac avec sa liste occitaniste et Anthony Le Boursicaud à la tête d’une liste citoyenne. Plus de 4 millions d’Occitans sont appelés aux urnes ce dimanche.
Les Français sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour des régionales. À moins d’un an de la présidentielle, le scrutin aura de lourdes conséquences à l’échelle nationale. 20 Minutes a sélectionné quatre points chauds à scruter dimanche soir.
VERS UN RECORD DE L’ABSTENTION ?
C’est le premier chiffre analysé les soirs d’élection. Le spectre d’une désaffection des urnes plane sur ce scrutin. Car les restrictions sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19 ont empêché les candidats de mener une campagne classique, et entraîné le report de l’élection à la fin juin, en plein Euro de football et à quelques jours du début des vacances scolaires. Certains craignent que le record d’abstention de 2010 (à 53,7 %) soit battu.
DANS COMBIEN DE RÉGIONS LE RN ARRIVERA-T-IL EN TÊTE ?
Toutes les enquêtes d’opinion s’accordent sur une percée du RN. Le parti de Marine Le Pen est donné en tête en Paca, mais aussi en Bourgogne-Franche-Comté, en CentreVal-de-Loire, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. Même en Bretagne, sur des terres peu favorables au parti, Gilles Pennelle, tête de liste RN, arriverait en tête. Cette poussée du Rassemblement national pourrait entraîner, comme en 2015, la constitution de « fronts républicains » de la part des autres partis.
QUEL SCORE POUR LREM DANS LES HAUTSDE-FRANCE ?
Le président sortant des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), espère une réélection pour lancer sa candidature à la présidentielle. En cas d’échec, il a annoncé qu’il se retirerait de la vie politique. Au coude-àcoude avec le candidat RN, Sébastien Chenu, le sort de l’ex-ministre pourrait dépendre du score de… LREM. Annoncée autour des 10 %, la candidature du secrétaire d’État Laurent Pietraszewski dépassera-t-elle ce seuil pour se maintenir au second tour ? En cas d’échec, la triangulaire pourrait permettre à Xavier Bertrand de l’emporter face au RN et à la liste d’union de la gauche de Karima Delli. En cas de quadrangulaire, le sort du président sortant, rival d’Emmanuel Macron, pourrait dépendre du maintien ou non de la liste présidentielle.
QUI SERA EN TÊTE EN ÎLE-DE-FRANCE À GAUCHE ?
La région parisienne révèle les fractures de la gauche à l’échelle nationale. La gauche, qui a perdu la région en 2015 au profit de Valérie Pécresse, se divise en trois candidatures principales : Audrey Pulvar (PS), Clémentine Autain (LFI) et Julien Bayou (EELV).L’objectif de chacun des trois ? Éviter l’humiliation d’une élimination au premier tour et arriver devant les deux autres pour prendre le leadership de l’union de la gauche face à la présidente sortante au second. Le résultat sera scruté par les états-majors des trois formations, à l’heure où chaque camp se prépare, là aussi, pour la présidentielle.