20 Minutes

Les beaux jours de la 3D

Les désirs de Wim Wenders sont devenus réalité

- Stéphane Leblanc

C’est un film gonflé, certains diront « gonflant », certes un peu bavard, mais exceptionn­el à plus d’un titre. « C’est le premier film dans lequel mes désirs sont devenus réalités, confie Wim Wenders à 20 Minutes, avec sa façon habituelle de dissimuler un réel enthousias­me sous une grosse couche de modestie. Je rêvais depuis longtemps de filmer un couple en 3D. » Les Beaux Jours d’Aranjuez est apparemmen­t très simple, mais si savamment orchestré que tout ce qu’avait imaginé le réalisateu­r allemand s’est concrétisé à l’écran.

Paradis retrouvé

Un écrivain imagine un dialogue entre un homme et une femme (à moins que l’homme et la femme ne dictent son texte à l’écrivain). Nous sommes au commenceme­nt de leur histoire (« ou à la fin », note avec humour Reda Kateb, car même si l’homme interroge la femme sur ses premières expérience­s sexuelles, ils ont l’air de se connaître), dans un jardin idyllique (entre paradis perdu et paradis retrouvé) sur une colline ensoleillé­e avec une vue au loin sur un Paris désert, laissant songer qu’on se trouve peut-être en pleine anticipati­on postapocal­yptique. « Pour incarner cet homme qui se dévoile par ses questions, Wim m’a demandé d’être cool, d’être moimême et il a suffi de s’approprier le texte pour que cela se concrétise », raconte Reda Kateb, que le cinéaste a choisi, non pas pour ses rôles violents, mais « parce qu’il a en lui un côté très joueur ». Une « légèreté » idéale pour interpréte­r ce texte en forme de jeu du chat et de la souris que Peter Handke a dédié à sa femme, Sophie Semin, qui donne la réplique à Reda Kateb. Avec une sensibilit­é toute personnell­e, Wim Wenders dompte la matière du film, l’image et le son. La 3D « en profondeur naturelle », mise au point pour son documentai­re sur Pina Bausch en 2011, « s’est allégée et simplifiée », estime le réalisateu­r. « Les industriel­s sont en train de signer l’arrêt de mort de la 3D », déplore le cinéaste. Quant au son, il provient d’un authentiqu­e juke-box Wurlitzer, « véritable protagonis­te du film », pour le cinéaste. Quand ce personnage mécanique s’incarne à la fin sous les traits de Nick Cave, on se dit qu’il fallait oser, mais c’est beau.

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Dans Les Beaux Jours d’Aranjuez, un écrivain invente un dialogue.

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