20 Minutes

Seine-Saint-Denis Swag

Olivier Babinet donne la parole aux jeunes de banlieue

- Caroline Vié

Ils sont adolescent­s et vivent dans le 93. Olivier Babinet fait parler ces onze enfants du siècle âgés entre 10 et 16 ans dans Swagger, présenté à Cannes dans la sélection de l’Associatio­n du cinéma indépendan­t pour sa diffusion (Acid). Avec une totale aisance et une grande sincérité, les gamins, que la vie n’a pas toujours favorisés, évoquent leurs ambitions et leurs rêves. Et on tombe sous leur charme. « J’ai voulu montrer une image positive des jeunes de cités », explique le réalisateu­r de Robert Mitchum est mort (2010) à 20 Minutes. C’est d’abord comme professeur, dans le cadre d’ateliers sur le cinéma, qu’il a débarqué dans des collèges de Seine-SaintDenis, où il a rencontré ces adolescent­s épatants. « On a travaillé pendant deux ans à faire des courts-métrages sur divers sujets, puis j’ai eu envie de réaliser un clip avec eux, de les traiter comme des héros de film, se souvient le réalisateu­r. De là est née l’idée de ce long-métrage destiné à leur donner la parole. » Les collégiens n’hésitent pas à parler, évoquant leurs épreuves familiales et scolaires comme leurs aspiration­s profondes. « Ils ont compris que je n’avais aucune intention de les présenter comme des victimes et c’est aussi pour cela qu’ils m’ont fait confiance », reconnaît Olivier Babinet. Du jeune garçon qui assume totalement son côté efféminé à celui qui avoue qu’on « rate sa vie si on ne parvient pas tomber amoureux », tous s’expriment à coeur ouvert. Ils parlent de guerre, de racisme, mais aussi de mode et de Mickey Mouse !

D’un naturel inouï

« Le temps passé à leur expliquer comment on faisait du cinéma leur a permis d’apprivoise­r la caméra, puis de l’oublier quand ils sont devant », insiste le cinéaste. Même dans les séquences « jouées », comme la reconstitu­tion d’une descente de police, les jeunes restent d’un naturel inouï. « J’avais commencé par les faire broder sur leur trajet collège-lycée et, très vite, ils ont laissé leur imaginatio­n déborder. » « De nombreux ados me demandent de les filmer », explique Olivier Babinet qui planche maintenant sur un film de science-fiction. On les comprend tant ils sont mis en valeur dans Swagger. Un vrai booster pour le moral.

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Le réalisateu­r a enseigné le cinéma dans les collèges du 93.

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