Ménilmontant se met à table
Ce jeudi soir, le quartier accueille les cuisines du monde
De la viande fumée façon texane, un très British « scotch egg » (oeuf mollet entouré de chair à saucisse panée), de l’agneau mariné à la plancha venu tout droit du Berry ou encore des spécialités argentines .... Ce soir, comme c’est le cas deux jeudis par mois depuis juillet, un véritable concentré de cuisines du monde sera servi sur le terre-plein central du boulevard de Belleville. De 18 h 30 à 22 h 30, une vingtaine de restaurateurs se feront face entre les métros Ménilmontant et Couronnes, tandis que des bancs et des tables seront dressés aux extrémités pour manger sur place.
Pas plus de 10 € le plat
Tel est le concept du Food Market, premier marché-cantine régulier à Paris. Derrière ce projet se cache Virginie Godard, une Parisienne amoureuse du 20e qu’elle habite. L’idée lui est venue à Berlin, début 2014, en tombant sur un food market dans le quartier populaire de Kreuzberg. La trentenaire a d’autres références. L’Asie, où la « cuisine de rue est un vrai style de vie », Sydney, New York, sans oublier Londres. Quant à Paris, « il y avait des événements ponctuels mais pas de marchés réguliers, peut-être parce que la capitale a moins cette culture de la street food malgré l’essor récent des food trucks ». Avec le Food Market, Virginie Godard ne cherche pas à copier-coller ce qui se fait à l’étranger, comme s’établir dans un hangar désaffecté, un classique berlinois. « Ce n’est pas dans l’ADN de Paris. En revanche, ce qu’on a de très beau ici, ce sont les marchés de rues, plus faciles d’accès pour les plus timides. Je ne suis pas sûr que ma mère aurait osé entrer au street market de Kreuzberg ! » Pour le reste, Virginie Godard a rédigé une charte éthique. « Tout doit être fait maison, les produits doivent être au maximum locaux et ne pas être issus de la grande distribution, même les boissons, et les plats ne doivent pas excéder les 10 €. » Le Food Market ne s’ouvre pas non plus aux food trucks, qui ont déjà un certaine assise financière. Il préfère donner sa place à d’autres, comme Cuisine mode d’emploi(s), l’école du chef étoilé Thierry Marx, qui réinsère des jeunes en les formant aux métiers de la cuisine. Le Food Market devient alors pour ces étudiants l’occasion d’un exercice grandeur nature.