La lanceuse d’alerte Marine Martin gagne une bataille
Les victimes de l’antiépileptique Dépakine seront indemnisées
Marine Martin vient de gagner une bataille. L’Assemblée nationale a donné, mardi, son feu vert à la création du fonds d’indemnisation des victimes de la Dépakine. La mère de famille de 44 ans est devenue le symbole et la porte-parole de toutes les victimes de cet antiépileptique responsable de troubles physiques et autistiques de milliers d’enfants – son Association des parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant (Apesac) compte aujourd’hui 2000 familles.
Long et complexe combat
Quand on lui apprend que son jeune fils souffre de troubles autistiques importants, la maman commence ses recherches. En se penchant sur les travaux d’un professeur sur les malformations liées aux pesticides, elle s’interroge : « Je ne suis pas fille d’agriculteurs… Par contre, je suis épileptique, j’ai donc pris des médicaments. En regardant la liste des médicaments les plus dangereux pour les femmes enceintes, je me mets à pleurer : la Dépakine [l’antiépileptique qu’elle prend depuis ses 10 ans] arrive en deuxième position. » Marine se lance alors dans un combat long et complexe, épaulée par Charles Jospeh Oudin, avocat des victimes du Médiator. « Elle est partie de rien et a réussi à persuader tant de familles », salue Sophie Jouslin de Noray, son avocate. En octobre 2014, la loi européenne change. Depuis, la Dépakine ne sera prescrite en France qu’en dernière intention et les patientes qui souhaitent une grossesse seront informées des risques : il y a 40 % de chances que l’enfant présente des retards de développement, malformations et troubles neurologiques. Pour ce qui est du fonds d’indemnisation des victimes, c’est l’Etat qui mettra la main à la poche, avant de se retourner contre Sanofi. Même si « ce n’est pas au contribuable de payer », s’insurge la lanceuse d’alerte, cette aide devrait soulager les familles. « J’espère que ça permettra à mon fils Nathan d’avoir une tierce personne pour l’aider toute sa vie. Je ne sais pas quel sera son degré d’autonomie. »
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