Dessine-leur de l’espoir
Une artiste peintre égaie le service pédiatrique de l’hôpital Necker
Son bleu de travail, tacheté de peinture, fait sourire les soignants. Depuis mai, Edith Baudoin s’échine avec ses pinceaux et son imagination à apporter un peu de rêve dans un service où les enfants sont entre la vie et la mort. Grâce au soutien de l’association Main dans la main, elle réalise des fresques colorées et poétiques dans chaque chambre du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Necker-Enfants malades de l’APHP (15e). « Dans le couloir, j’ai imaginé des moyens de transport : montgolfière, bateau, cheval… », détaille l’artiste.
Détourner l’attention
« Après livraison, les bâtiments de l’hôpital étaient plutôt austères, reconnaît Sylvain Renolleau, chef de service. Ces fresques sont très esthétiques. Et bien pensées : Edith a peint tous les plafonds, la seule chose que les enfants immobilisés voient pendant des semaines. » En tant qu’ancien clown à l’hôpital, la comédienne connaissait déjà bien ces services pédiatriques, tout comme « l’importance de l’humour et les façons de détourner l’attention des enfants ». Ses dessins sont effectivement un outil formidable pour que les enfants se concentrent sur l’énorme baleine au mur pendant les soins. Graziella, éducatrice, s’amuse, elle, « chaque matin, à chercher une nouveauté sur les murs ». « Le projet a complètement changé l’identité du service, assure Olga, psychologue. Et les parents nous en parlent beaucoup car ça remet un peu de vie, de beau, dans un moment où le temps s’est arrêté. C’est très difficile de se projeter dans le futur quand son enfant est aussi mal, mais, grâce aux fresques, certains disent qu’ils ont envie de leur faire découvrir la mer ou l’Australie! » Chacun se projette dans les dessins. « A chaque fois que je croise les canards dans le couloir, je retrouve le sourire, confie Rhudy, devant la chambre où sa nièce Emma est hospitalisée depuis deux mois. Même si on est à l’hôpital, on a un sentiment de sécurité, d’être dans un cocon. Et Emma, quand elle a découvert l’arc-enciel au plafond, nous a dit qu’il allait la protéger. » Le projet, qui devrait s’achever fin décembre, a pris plus de temps et d’énergie que prévu mais, « toute cette expérience m’a confirmé l’importance de l’humain dans les hôpitaux », assure Edith Baudoin.