20 Minutes

Sur la mer comme au ciel

Le Vendée Globe se gagne aussi grâce aux satellites, dont 80 sont affectés à la course

- Romain Baheux

Devinette : je stationne dans les airs, suis capable de me déplacer très rapidement et influe énormément sur le Vendée Globe. Un nuage ? Raté. Une colonie de mouettes. Non plus. On vous le donne : il s’appelle Sentinel-1, est un brave satellite européen en orbite autour de notre Terre et, comme plus de 80 de ses comparses, il est affecté à la plus célèbre course en solitaire du monde. Leur mission ? Donner la géolocalis­ation des skippers et leur classement, ainsi que l’emplacemen­t des icebergs dans les mers du Sud, où se trouve la tête de la course.

Marge d’erreur de 50 m

A Brest, les opérateurs de CLS – le partenaire du Vendée en charge de l’imagerie satellite – anticipent la dérive des glaces pour éviter qu’un concurrent ne joue un remake du Titanic dans le sud de l’océan Indien. « Nos satellites arrivent à détecter des icebergs de 100 m de long, de nuit et à travers les nuages, explique Vincent Kerbaol, responsabl­e radar et drone. Les plus petits, on n’arrive pas à les capter, mais on calcule la dérive probable des morceaux, comme en ce moment où beaucoup de concurrent­s sont dans cette zone. » Et voilà comment le PC course met au point sa zone d’exclusion antarctiqu­e, où les skippers ne peuvent pénétrer. « On s’est mis une marge d’erreur pour éviter les collisions avec les growlers [les petits icebergs], raconte Jacques Caraës, directeur de course. S’ils y entrent, ils s’exposent à une pénalité. » Et si on se fait pincer, qu’on n’aille pas dire que c’est faux, car l’organisati­on vous suit à la trace. Avec les satellites, bien sûr, mais aussi la balise GPS présente dans chacun des navires. « Lors du premier Vendée Globe (en 1989), on avait une marge d’erreur de 100 à 500 m pour localiser un bateau, résume Sophie Besnard, chef de projet chez CLS. Maintenant, on est à 50 m près. » Les satellites servent surtout à secourir les skippers. En cas d’urgence, ces derniers peuvent activer trois balises : une dans la cabine, dont les piles ont l’autonomie nécessaire pour tenir un tour du monde, une à garder dans la poche du ciré au cas où l’on tombe dans l’eau, capable de tenir trois ou quatre jours, et enfin une dans un dispositif pouvant sortir de la coque si le bateau se retourne, car les ondes ne passent pas à travers le carbone. « Là, on aurait une précision d’environ 100 m, ajoute Sophie Besnard. Ce qui serait largement suffisant pour qu’un avion d’assistance repère le navire. » Et on dirait merci le satellite, là.

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Les satellites ont pris une importance dingue dans la course au large.

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