20 Minutes

L’ex-ministre Jérôme Cahuzac, condamné à trois ans de prison ferme, fait appel

Jérôme Cahuzac condamné à trois ans ferme pour fraude fiscale

- Vincent Vantighem et Hélène Sergent

Il a d’abord regardé ses chaussures. Puis le plafond. Enfin, Jérôme Cahuzac s’est rassis. Comme sonné. L’ancien ministre du Budget a été condamné, jeudi, à une peine non aménageabl­e de trois ans de prison ferme et à cinq ans d’inéligibil­ité par le tribunal correction­nel de Paris, qui le jugeait pour fraude fiscale. Jean Veil, son avocat, a indiqué qu’il faisait appel.

Une « peine logique »

Si sa peine était confirmée, Jérôme Cahuzac serait le premier ministre à dormir en prison depuis Alain Carignon, Jacques Médecin ou Bernard Tapie, dans les années 1990. Autre temps, autres moeurs ? « La peine de Cahuzac est logique au vu de la gravité des faits commis et, surtout, de l’exemple qu’il incarnait », décrypte une source judiciaire. Le président du tribunal, Peimane Ghaleh-Marzban, n’a d’ailleurs pas dit autre chose : « M. Cahuzac incarnait la politique fiscale de la France. » Désignant la finance comme son « ennemi », François Hollande et son gouverneme­nt ont intensifié la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale depuis 2012. « Les fraudeurs ne pourront plus échapper très longtemps à la sanction », claironnai­ent Bernard Cazeneuve et Pierre Moscovici après l’adoption d’un projet de loi en novembre 2013. Jérôme Cahuzac et son ex-femme, Patricia, ne sont pas des fraudeurs ordinaires. « Avec un patrimoine dissimulé au fisc estimé à 3,5 millions d’euros, ils font partie des 10 % des plus gros fraudeurs de France », a insisté le Parquet national financier (PNF) dans ses réquisitio­ns. Créé spécialeme­nt après le scandale Cahuzac, le PNF voit les dossiers s’accumuler sur ses bureaux. Et cette condamnati­on n’est pas pour rassurer ceux qui doivent lui succéder sur le banc des prévenus. Des dates d’audience sont déjà prévues pour l’industriel Serge Dassault, le marchand d’art Guy Wildenstei­n ou le député (PS) Thomas Thévenoud. Sans parler des époux Balkany, visés par une enquête quasiment bouclée, selon nos informatio­ns, ou encore de Nicolas Sarkozy, mis en examen pour corruption dans l’affaire dite « des écoutes ». « Les gens pensent que la justice est dure avec les faibles et faible avec les durs. Le tribunal a montré que ce n’était pas le cas », a relevé Charles de Courson, président de la Commission d’enquête parlementa­ire sur l’affaire Cahuzac.

W

 ??  ??
 ??  ?? L’ex-ministre du Budget a fait appel.
L’ex-ministre du Budget a fait appel.

Newspapers in French

Newspapers from France