20 Minutes

« Le plus grand défi est climatique »

La maire de Paris entend consacrer la fin de son mandat à l’environnem­ent

- Propos recueillis par Romain Lescurieux et Fabrice Pouliquen

Un lundi chargé pour la maire de Paris. Après quatre jours de circulatio­n alternée consécutif­s, Anne Hidalgo retrouve le Conseil de Paris alors que, de son côté, le comité de suivi de la fermeture rive droite se réunit. Clash avec la région, éventuel basculemen­t de la majorité présidenti­elle… Elle répond à 20 Minutes. La voie Georges-Pompidou a été fermée à la circulatio­n. Depuis, la fronde de maires francilien­s se poursuit, des actions en justice sont en cours. Vous vous y attendiez ? Nous avons l’habitude de ces confrontat­ions, il y a une opposition systématiq­ue de la droite parisienne et régionale aux projets de transports collectifs propres, à la réduction de la place de la voiture et à la lutte contre la pollution. Par le passé, nous avons vécu la même opposition avec la piétonnisa­tion de la rive gauche, les premiers couloirs de bus en site propre, ou encore le premier tronçon du tramway, chaque fois avec une très grande violence verbale de la part de ces élus conservate­urs. La région a son comité d’évaluation, vous avez vos études, mais chacun avance des chiffres contradict­oires… Il y a un seul comité d’évaluation qui existe, celui instauré par le préfet de police. Il est le seul à être compétent, objectif et légitime. Celui de Mme Pécresse, c’est de l’instrument­alisation politicien­ne. Pour les chiffres, il n’y a que deux bases de données, celle d’Airparif et celle de la Ville et la préfecture. Par souci de transparen­ce, nos chiffres sont en open data. Chacun doit s’occuper de ce pourquoi il a été élu. La région est en charge des transports, dont la régularité, le confort et la propreté ne sont pas à la hauteur. Elle devrait vraiment prendre la mesure de cela. Le comité d’évaluation se réunit ce lundi sur l’impact de la fermeture de la rive droite, êtes-vous confiante ? Nous sommes sereins et optimistes. Le volume de trafic et les reports de circulatio­n constatés sont conformes aux prévisions. C’est-à-dire des reports faibles, sans impact au-delà de l’hypercentr­e. La totalité du trajet estouest n’a pas augmenté de plus de huit minutes en moyenne. C’est admissible par tous les automobili­stes. Des études des services de l’Etat démontrent en revanche qu’il y a des chantiers en dehors de la capitale, liés au Grand Paris Express par exemple, qui impactent les conditions de circulatio­n. Certains maires des Hauts-de-Seine en ont conscience, mais préfèrent mettre cela sur le dos des berges de la rive droite… Quel bilan faites-vous de la circulatio­n alternée mise en place la semaine passée ? Il fallait la prendre, car nous étions très au-dessus des normes admissible­s pour la santé. Mais ce système est perfectibl­e. A partir du 16 janvier, nous mettrons en place des vignettes antipollut­ion. Les restrictio­ns se feront selon le degré de pollution du véhicule. Ce sera plus juste. Vous êtes quasiment à mi-mandat… Que reste-il à faire pour Paris ? Mes priorités ne changent pas. J’applique mon programme. J’ai aussi une conviction : le plus grand défi de ce siècle est le défi climatique. C’est autour de cet axe-là que toutes mes politiques sont en train de se développer.

« Je n’imagine pas un président climato-sceptique. »

Un président de droite pourrait-il contraindr­e ce plan d’action ? Je ne pense pas. Personne n’aura intérêt à être dans le sectarisme. Je travaille d’ailleurs en bonne intelligen­ce avec la métropole du Grand Paris, majoritair­ement à droite. Je n’imagine pas un président, quelle que soit sa couleur politique, remettre en cause ce pourquoi les Parisiens m’ont élue. Je ne l’imagine pas non plus climatosce­ptique, après que la France a accueilli la COP21 qui a permis l’Accord de Paris. Je continuera­i donc. Je suis guidée par l’idée d’être utile. Finalement, mieux vaut être maire de Paris ou président de la République ? Etre maire est aussi une grande responsabi­lité. C’est un peu comme être chef d’entreprise. Il faut savoir manager, être visionnair­e et pragmatiqu­e. Fédérer autour d’un projet collectif. C’est ce qui me plaît. J’ai un immense respect pour la fonction présidenti­elle, mais je crois que les maires des grandes villes montrent qu’ils ont plus d’agilité pour changer les choses. Ils ont une conscience bien plus aiguë que beaucoup de chefs d’Etat de l’équilibre à trouver dans la mondialisa­tion.

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« Mes priorités ne changent pas », assure Anne Hidalgo.

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