« Le plus grand défi est climatique »
La maire de Paris entend consacrer la fin de son mandat à l’environnement
Un lundi chargé pour la maire de Paris. Après quatre jours de circulation alternée consécutifs, Anne Hidalgo retrouve le Conseil de Paris alors que, de son côté, le comité de suivi de la fermeture rive droite se réunit. Clash avec la région, éventuel basculement de la majorité présidentielle… Elle répond à 20 Minutes. La voie Georges-Pompidou a été fermée à la circulation. Depuis, la fronde de maires franciliens se poursuit, des actions en justice sont en cours. Vous vous y attendiez ? Nous avons l’habitude de ces confrontations, il y a une opposition systématique de la droite parisienne et régionale aux projets de transports collectifs propres, à la réduction de la place de la voiture et à la lutte contre la pollution. Par le passé, nous avons vécu la même opposition avec la piétonnisation de la rive gauche, les premiers couloirs de bus en site propre, ou encore le premier tronçon du tramway, chaque fois avec une très grande violence verbale de la part de ces élus conservateurs. La région a son comité d’évaluation, vous avez vos études, mais chacun avance des chiffres contradictoires… Il y a un seul comité d’évaluation qui existe, celui instauré par le préfet de police. Il est le seul à être compétent, objectif et légitime. Celui de Mme Pécresse, c’est de l’instrumentalisation politicienne. Pour les chiffres, il n’y a que deux bases de données, celle d’Airparif et celle de la Ville et la préfecture. Par souci de transparence, nos chiffres sont en open data. Chacun doit s’occuper de ce pourquoi il a été élu. La région est en charge des transports, dont la régularité, le confort et la propreté ne sont pas à la hauteur. Elle devrait vraiment prendre la mesure de cela. Le comité d’évaluation se réunit ce lundi sur l’impact de la fermeture de la rive droite, êtes-vous confiante ? Nous sommes sereins et optimistes. Le volume de trafic et les reports de circulation constatés sont conformes aux prévisions. C’est-à-dire des reports faibles, sans impact au-delà de l’hypercentre. La totalité du trajet estouest n’a pas augmenté de plus de huit minutes en moyenne. C’est admissible par tous les automobilistes. Des études des services de l’Etat démontrent en revanche qu’il y a des chantiers en dehors de la capitale, liés au Grand Paris Express par exemple, qui impactent les conditions de circulation. Certains maires des Hauts-de-Seine en ont conscience, mais préfèrent mettre cela sur le dos des berges de la rive droite… Quel bilan faites-vous de la circulation alternée mise en place la semaine passée ? Il fallait la prendre, car nous étions très au-dessus des normes admissibles pour la santé. Mais ce système est perfectible. A partir du 16 janvier, nous mettrons en place des vignettes antipollution. Les restrictions se feront selon le degré de pollution du véhicule. Ce sera plus juste. Vous êtes quasiment à mi-mandat… Que reste-il à faire pour Paris ? Mes priorités ne changent pas. J’applique mon programme. J’ai aussi une conviction : le plus grand défi de ce siècle est le défi climatique. C’est autour de cet axe-là que toutes mes politiques sont en train de se développer.
« Je n’imagine pas un président climato-sceptique. »
Un président de droite pourrait-il contraindre ce plan d’action ? Je ne pense pas. Personne n’aura intérêt à être dans le sectarisme. Je travaille d’ailleurs en bonne intelligence avec la métropole du Grand Paris, majoritairement à droite. Je n’imagine pas un président, quelle que soit sa couleur politique, remettre en cause ce pourquoi les Parisiens m’ont élue. Je ne l’imagine pas non plus climatosceptique, après que la France a accueilli la COP21 qui a permis l’Accord de Paris. Je continuerai donc. Je suis guidée par l’idée d’être utile. Finalement, mieux vaut être maire de Paris ou président de la République ? Etre maire est aussi une grande responsabilité. C’est un peu comme être chef d’entreprise. Il faut savoir manager, être visionnaire et pragmatique. Fédérer autour d’un projet collectif. C’est ce qui me plaît. J’ai un immense respect pour la fonction présidentielle, mais je crois que les maires des grandes villes montrent qu’ils ont plus d’agilité pour changer les choses. Ils ont une conscience bien plus aiguë que beaucoup de chefs d’Etat de l’équilibre à trouver dans la mondialisation.
W