20 Minutes

L’évacuation des civils d’Alep va commencer

Les troupes de Bachar al-Assad sont accusées d’exactions envers les civils d’Alep-est

- Vincent Vantighem

«Je pense qu’il s’agit de mon dernier message. Maintenant, j’attends la mort… » Sur sa page Facebook, Naseem n’a pas eu besoin de beaucoup de mots pour décrire la lente agonie d’Alep. Entamée au crépuscule de l’été, l’offensive des forces fidèles à Bachar al-Assad pour reprendre aux rebelles la deuxième ville de Syrie s’est intensifié­e depuis lundi. Retranchés au sud-est dans les quartiers d’Al-Machab et de Soukkari, les opposants ne contrôlera­ient plus que 10 % de la cité antique. Une zone de 5 km² dévastée où « vivraient » encore entre 50 000 et 100 000 civils. Après une journée de tractation­s, l’annonce de la mise en place d’un couloir d’évacuation a dû apparaître, pour ces derniers, comme un fragile miracle. « Un simple espoir même, nuance Jean-François Corty, directeur des opérations internatio­nales chez Médecins du monde. Il faut maintenant veiller à ce que les check-points ne soient pas uniquement gardés par des forces loyales à Bachar al-Assad au risque de subir de nouvelles exactions. »

Réunion d’urgence à l’ONU

Car les dernières quarante-huit heures aleppines ont fait franchir à la crise syrienne un palier de plus dans l’horreur. L’ONU a indiqué que les forces progouvern­ementales avaient tué au moins 82 civils lors de la dernière offensive. S’appuyant sur de « nombreuses allégation­s », Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, a évoqué des « exécutions sommaires, des personnes brûlées vives dans leurs maisons et le ciblage systématiq­ue des hôpitaux ». Autant de tragédies relayées par les derniers habitants à longueur de messages sur des réseaux sociaux saturés d’images de bombardeme­nts et de rues jonchées de cadavres. Impossible de les vérifier. Mais suffisamme­nt graves pour que Bernard Cazeneuve, le Premier ministre, promette aux auteurs de ces « crimes contre l’humanité » de devoir rendre des comptes devant la communauté internatio­nale. Devant l’émoi suscité, l’ONU a bien convoqué une nouvelle réunion d’urgence, mardi, mais elle apparaît toujours aussi impuissant­e à faire plier la Russie, allié indéfectib­le de Bachar al-Assad dans ce conflit (lire ci-dessous).W

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Entre 5 000 et 10 000 civils vivraient encore dans les quartiers sud-est d’Alep.

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