L’évacuation des civils d’Alep va commencer
Les troupes de Bachar al-Assad sont accusées d’exactions envers les civils d’Alep-est
«Je pense qu’il s’agit de mon dernier message. Maintenant, j’attends la mort… » Sur sa page Facebook, Naseem n’a pas eu besoin de beaucoup de mots pour décrire la lente agonie d’Alep. Entamée au crépuscule de l’été, l’offensive des forces fidèles à Bachar al-Assad pour reprendre aux rebelles la deuxième ville de Syrie s’est intensifiée depuis lundi. Retranchés au sud-est dans les quartiers d’Al-Machab et de Soukkari, les opposants ne contrôleraient plus que 10 % de la cité antique. Une zone de 5 km² dévastée où « vivraient » encore entre 50 000 et 100 000 civils. Après une journée de tractations, l’annonce de la mise en place d’un couloir d’évacuation a dû apparaître, pour ces derniers, comme un fragile miracle. « Un simple espoir même, nuance Jean-François Corty, directeur des opérations internationales chez Médecins du monde. Il faut maintenant veiller à ce que les check-points ne soient pas uniquement gardés par des forces loyales à Bachar al-Assad au risque de subir de nouvelles exactions. »
Réunion d’urgence à l’ONU
Car les dernières quarante-huit heures aleppines ont fait franchir à la crise syrienne un palier de plus dans l’horreur. L’ONU a indiqué que les forces progouvernementales avaient tué au moins 82 civils lors de la dernière offensive. S’appuyant sur de « nombreuses allégations », Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, a évoqué des « exécutions sommaires, des personnes brûlées vives dans leurs maisons et le ciblage systématique des hôpitaux ». Autant de tragédies relayées par les derniers habitants à longueur de messages sur des réseaux sociaux saturés d’images de bombardements et de rues jonchées de cadavres. Impossible de les vérifier. Mais suffisamment graves pour que Bernard Cazeneuve, le Premier ministre, promette aux auteurs de ces « crimes contre l’humanité » de devoir rendre des comptes devant la communauté internationale. Devant l’émoi suscité, l’ONU a bien convoqué une nouvelle réunion d’urgence, mardi, mais elle apparaît toujours aussi impuissante à faire plier la Russie, allié indéfectible de Bachar al-Assad dans ce conflit (lire ci-dessous).W